Un petit roman pas déplaisant à suivre.


C'est assez inégal dans les idées : d'un côté, l'auteure a la volonté d'écrire un feel good novel typique, avec une romance qui finit bien, une héroïne qui adore lire des romans dans son plaid au coin du feu et qui a des idées 'vieux jeu' sur l'amour, le genre de personnage digne d'un téléfilm de Noël presque, des repas de famille, et surtout un grand pardon final ; de l'autre côté on sent la volonté de vouloir casser les codes avec quelques séquences et personnages plus insolents et c'est là que ça devient intéressant. En plus de cela, le personnage principal est une femme très ronde et mal dans sa peau, de quoi alimenter le récit.


J'ai détesté l'aspect romantique qui finit bien de façon prévisible, parce que c'était inévitable, sans réelle surprise et que le suspense sur l'identité du prétendant puis sur la légitimité du couple n'apportent rien de très profond. À côté de ça, les histoires d'amitié sont intéressantes car c'est là justement que l'on trouve du piquant ; les nouvelles amies de l'héroïne n'apportent pas que de bonnes choses, elles font, par exemple, du bodyshaming, alors qu'elles-mêmes sont en souffrance ; la caractérisation de ces personnages permet d'éviter un univers trop lisse (malheureusement à la fin, les méchancetés sont justifiées, expliquées, pardonnées alors que ce n'était pas nécessaire). Les situations sont correctes mais pas souvent assez poussées ; j'ai tout de même apprécié cette séquence qui se termine en "Small penis humiliation" : la machination est tordue et le résultat amusant (et émoustillant pour ceux qui, comme moi, ont un petit kiki et apprécient cette pratique du SPH). L'énorme déception, c'est le rapport au corps qui est utilisé pour marquer le manque de confiance en elle du personnage principal mais jamais vraiment pour montrer son quotidien difficile. Non pas dans le but de moraliser, mais simplement pour permettre de mieux comprendre ces personnes en surpoids. Il n'est même pas expliqué clairement que l'on peut être rond sans que ce soit lié à la nourriture ; j'avoue que c'est cet aspect-là qui m'avait attiré vers ce roman à l'origine, alors forcément, je suis déçu que ce ne soit pas plus développé (au-delà de quelques anecdotes).


L'écriture est fluide. Pas de style particulier, c'est assez scolaire, avec des tournures correctes, globalement rien de marquant. Le vocabulaire est bien choisi, ainsi, le roman est accessible à tout le monde. Les descriptions sont bien idées. Les dialogues sont parfois un peu longs alors qu'on comprend vite où l'auteure veut en venir, mais il reste quelques répliques amusantes. La mise en page fonctionne bien.


Bref, indépendamment du fait que j'ai mal compris les enjeux du bouquin en l'achetant, le roman reste moyen, car est bien trop gentil ; on évite le pire quand même grâce à quelques idées piquantes qui permettent à ce bouquin de se démarquer un peu d'un genre littéraire que je trouve de manière générale un peu trop paresseux. C'est dans ces brefs moments que l'auteure parvient à délivrer une vision de la société un peu plus salée, un peu plus vraie, un peu plus cruelle.

Fatpooper
5
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le 6 déc. 2023

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