Ce n'est pas sans crainte qu'on aborde un inédit d'un écrivain qu'on a beaucoup aimé quand cet écrivain est le très-rare Pierre Michon.
Alors, cette Petite Beune inédite ?
La phrase roule toujours, c'est comme une superbe mécanique dont on pourrait presque oublier le travail. Les premières pages (tout le portrait de Jean le Pêcheur), c'est magnifique.
Et pourtant, au contraire des Vies minuscules que j'ai relues beaucoup, et de la Grande Beune qui précède et m'avait poursuivi, je me dis que j'oublierai assez vite cette Petite Beune et j'en viens même à me demander comme le narrateur dans un autre contexte (quoique) : "fallait-il conclure ?". Car à la fin, cette histoire de coucherie (différée, magnifiée, mythologisée), je l'ai trouvée presque lourde, et malheureusement l'écriture, un peu alourdie aussi, avec de solennelles phrases courtes à la Pascal Quignard qui sont en-dessous du meilleur Michon. Bien sûr, c'est quand même très bon, la phrase (au risque de me répéter) est fort belle, mais le récit globalement ne marche pas vraiment et je me dis qu'on aurait pu, aussi bien, laisser notre narrateur-instituteur suspendu à l'éternité parfaite de son inassouvissement.