Tandis que l'épilogue du premier tome, les mobilisés, voyait les survivants de la zone enfin sortir après avoir vaincu la chose, il était attendu que les héros vainqueurs soient fêtés par la nation reconnaissante. Un doute pouvait néanmoins tarauder le lecteur vu la façon dont leur sortie avait été réalisée.
Le tome premier abordait la notion de survie dans un espace clos entre diverses factions opposées. Les effacés change résolument d'éclairage et nous offre une vision de ce que peut être une société totalitaire. La fière nation d'Erit, on pouvait déjà un peu le subodorer, endoctrine sa population et utilise sa jeunesse à des fins uniquement connues de ses plus hautes autorités militaires. C'est ainsi que Margot Dessenne nous invite à suivre les destins contrariés de nos protagonistes survivants. A chaque couche du vernis de communication qui s'efface, le lecteur découvre l'envers du décors par les yeux tour à tour ébahis, terrifiés puis anéantis de jeunes membres d'une nation qui étête tout ce qui sort de la norme sociale imposée.
J'ai particulièrement apprécié cet opus qui explore la façon dont une jeunesse peut être embrigadée, un peuple manipulé, des boucs émissaires présentés à une population qui se pose peu de question pour éviter les ennuis. Toute ressemblance avec des régimes totalitaires actuels ou de l'histoire récente n'est sûrement pas fortuite. Je trouve particulièrement habile de la part de l'autrice cette pédagogie qui pourra éclairer les plus jeunes sur les ressorts de la manipulation idéologique. Ce que les autorités sont prêtes à faire endurer à certains membres de leur communauté dans un but qui demeure obscur, durant un bon moment de la lecture, est absolument captivant.
Encore plus psychologique que le premier, ce tome est un régal qui ouvre, tandis que les chaînes sont secouées par les captifs, des perspectives alléchantes. Rien n'a été épargné à nos héros et l'on sent qu'ils ne sont pas encore rendus au bout de leurs souffrances.