J'aime bien Simak. C'est un des rares écrivains américains à faire des phrases dignes de Chateaubriand (en moins ronflant) dès qu'il est question de nature. Mais ce livre m'a plutôt déçu, comme si l'auteur avait eu une bonne idée de départ et l'avait quelque peu perdue en cours de route.

Attention spoilers ! ! !

L'histoire suit, à la première personne, un certain Bradley Chandler, habitant de la petite bourgade de Millville, Alors qu'il veut sortir de la ville, il manque d'emboutir un semi-remorque qui a "rebondi" sur un mur invisible. La ville est coupée du monde, et les événements étranges se multiplient. Brad est finalement téléporté dans une planète parallèle, où vivent des fleurs qui ne forment qu'une seule vaste entité-cerveau. Ces fleurs, télépathes et qui manipulent comme un rien le temps et l'espace, cherchent à s'installer sur Terre. Elles demandent à Brad de devenir leur ambassadeur. Brad revient, il doit affronter à la fois l'agitation des citoyens de Millville, qui lui mettent sur le dos tout ce qui arrive, et l'incrédulité, puis l'inquiétude, puis l'hystérie de l'opinion publique mondiale.

Je crois que c'est le premier roman à la 1e personne de Simak que je lis, et ici je ne comprends pas pourquoi il a fait ce choix. L'histoire veut nouer à la fois l'agitation d'une petite communauté de bouseux, de la géopolitique à grande échelle (la peur d'une escalade atomique) et une réflexion plus vaste sur l'avenir de l'Humanité, un peu comme dans "Demain les chiens". Or tous ces éléments ne s'articulent que très artificiellement avec le point de vue subjectif du héros, qui parasite les enjeux. En prenant un bon vieux récit à la 3e personne focalisé comme il faut, Simak serait arrivé au même point. Il aurait même pu multiplier les narrateurs, ce qui est toujours efficace quand on veut décrire la complexité d'une communauté. Au lieu de cela, son roman se perd dans l'esthétique des paysages et des objets insolites de la planète parallèle, avec un côté un peu suranné. Ce livre vieillit mal.

Il y a une deuxième faiblesse à mon sens : les dialogues, qui font très "téléfilm". Les personnages n'ont pas de voix propre, ils raisonnent allégrement sur la géopolitique, l'incertitude de leur situation, les enjeux, mais ils ne font guère vivant. L'amourette en cours de roman semble insérée assez artificiellement et ne retient guère l'attention.

Le roman est en grande partie composé de spéculations des différents personnages sur ce qui est en train de se passer ou pourrait arriver, sans qu'on ait vraiment l'impression d'avancer...Le final n'est guère mémorable, et l'ensemble suggère que Simak ne savait pas trop sur quel pied danser pour conclure.
zardoz6704
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le 17 nov. 2012

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