L'histoire d'une famille russe au milieu du XIXe siècle. L'histoire de trois frères qui n'ont rien en commun si ce n'est leur infâme père, leur âme russe et leurs interrogations profondes sur l'existence.
Aliocha, le plus jeune, le plus gentil, le plus dévot, le psychologue du roman, le lien entre tous les personnages. Tous ont besoin de lui, de sa gentilesse, de sa tolérance et de sa compréhension. Il est l'incarnation de ce que les autres personnages du roman ne peuvent pas devenir, c'est-à-dire quelqu'un de compréhensif qui ne se s'abandonne pas à ses passions. Aliocha est la clef de voûte de l'ouvrage, il y a apporte une forme de transcendance. Il symbolise le penchant religieux de Dostoïevski avec tous ses errements et ses contradictions.
Dmitri, le plus âgé, ancien officier, fiancé à Katia qu'il n'aime plus et qu'il délaisse pour Grouchenka. Dmitri est un homme tiraillé entre une grande violence et une grande sensibilité. Il s'adonne à ses passions sans pouvoir y résister. La religion ne l'intéresse guère, c'est un homme qui brûle la vie par les deux bouts, qui vit sans masque, dans une honnêteté déconcertante.
Ivan est aux antipodes d'Aliocha et de Dmitri. Il est raisonné, froid, scientifique. Il se refuse à croire à toute transcendance et a même un certain mépris pour sa famille.
Mais les Frères Karamazov sont bien plus qu'une fratrie. Ils révèlent leur infinie profondeur en se parlant et en se confrontant. Dostoïevski nous livre ici une des réflexions les plus abouties sur l'l'athéisme et ses limites. Drame familial, psychologique et social, la description de la société russe et de son esprit est un chef-d'oeuvre monumental parce qu'il nous touche tous, personellement, dans ce qu'on a de plus intime, Dostoïevski réussit à s'adresser à notre coeur et à notre raison, à l'image de ce procès final où les tirades de la défense et de l'accusation sont d'une profondeur à la fois psychologique, philosophique et littéraire inégalée.
Retenons-nous de catégoriser une telle oeuvre, chacun y trouvera à sa façon et dans son époque, un écho à sa propre vie, à ses propres interrogation et à ses propres passions.