Plein de panache, un roman drôle et émouvant sur deux idiots de l'Ouest

L’histoire de deux cerbères à la botte du Commodore, partis à la chasse à l’homme à travers les USA, sur les traces laissées par la ruée vers l’or. Des traînées sales et malsaines, où l’abandon, la désillusion mais aussi la résignation se déploient. Tout au long de leur périple, les deux frères vont rencontrer de nouvelles têtes, jeunes ou vieilles, hommes ou femmes, animales ou végétales, avec leur lot personnel de soucis. Cela donne une sensation étrange au roman, un peu comme si une suite incongrue de petites nouvelles formait un tout désopilant et rocambolesque. On ne s’ennuie pas à chevaucher aux côtés des deux bandits, aucun temps mort n’est permis.


Le narrateur n’est autre que le plus jeune des frères, Eli, attendrissant de gentillesse (et de simplicité) malgré l’accablant métier qui est le sien. Au fil du voyage, des déconvenues ou espoirs croisés, il se rend bien compte du plat de sa situation. Il n’est vu que comme « le gros », celui qui sera toujours le second, le bon dernier, celui qui suit les ordres car trop bienheureux pour réfléchir vraiment. Sauf qu’il n’est pas stupide le bon Eli, il voit bien le monde qui l’entoure, et nous suivons ses pensées vers un avenir qu’il voudrait différent, loin du désespoir de ces gens qui ont tout perdu en direction de la Californie. Il aspire a de la beauté, de la sécurité, de l’amour.


Tandis que pour Charlie, l’aîné, enchaîner les contrats et amasser de l’or pour pouvoir se pochtronner tout son saoul est sa seule raison d’exister. Avec la notoriété bien entendue, même si sans son cadet « les frères sisters » prennent du plomb dans l’aile. De quoi tenter le diable dans toutes les situations, abuser de tout au moment le moins opportun, briser les interdits et causer des dégâts qui iront bien loin de sa seule personne. Immature et irréfléchi, Charlie va détruire un avenir radieux en quelques minutes, entraînant finalement une succession d’échecs, telle une malédiction sur les deux frères. Pourtant malgré le caractère funeste que cela engendre, l’auteur réussi à distiller ça avec panache, rendant comique les pires situations et attachant ces deux gros idiots mal léchés.


https://cenquellesalle.wordpress.com/2020/11/09/les-freres-sisters/

ellenbooks
9
Écrit par

Créée

le 21 mars 2021

Critique lue 89 fois

ellenbooks

Écrit par

Critique lue 89 fois

D'autres avis sur Les Frères Sisters

Les Frères Sisters
Valerie_Freefounette
10

Une pépite !

C'est quoi cet ovni ? (ouvrage vraiment non identifié). A mi chemin entre du Tarantino, du Charlie Chaplin (ben si !) et du Monty Python, voilà un livre qui décape le genre western ou je m'y connais...

le 26 oct. 2020

1 j'aime

Les Frères Sisters
Thaliesen
9

Un western enchanteur

La dernière page se tourne sur ce roman extraordinaire. Happé dès le premier chapitre, j'ai retrouvé, une fois de plus, la plume que j'apprécie de Patrick DeWitt. Tout est surprenant dans ce roman...

le 20 févr. 2019

1 j'aime

Les Frères Sisters
Nadouch03
8

Critique de Les Frères Sisters par Nadouch03

Quand on vient de quitter les frères Sisters, on peine à trouver les mots pour en dire quoi que ce soit ! Déjà, ce roman est un western, et ça ne court pas les rues. Ensuite, le style est totalement...

le 1 avr. 2018

1 j'aime

Du même critique

La Comtesse de Cagliostro
ellenbooks
6

La Comtesse de Cagliostro

L’une des toute premières aventures d’Arsène Lupin, encore nommé Raoul d’Andrésy. Nous sommes à une époque innocente où le jeune garçon de dix-huit ans ne s’est pas encore tourné vers la voie du...

le 8 avr. 2021

2 j'aime

1

Le Murder Club du jeudi
ellenbooks
7

Le murder club du jeudi

Je lorgnais sur ce petit bébé depuis sa sortie en grand format. Sa sortie en poche a été l’opportunité de sauter le pas !Venez passer un moment détente dans un village de retraite en plein essor...

le 12 juin 2022

1 j'aime