De la romancière égyptienne Mansoura Ez-Eldin, les éditions Actes Sud avaient publié, il y a 6 ans, Le mont Emeraude. Le récit s'y caractérisait déjà par une double intrigue, séparée l'une de l'autre par plusieurs siècles, procédé que l'on retrouve dans Les jardins de Basra. D'un côté, nous sommes dans Le Caire d'aujourd'hui avec Hishâm, passionné par les manuscrits anciens ; de l'autre, nous côtoyons un vannier de Basra, au sud de l'Irak, au VIIe siècle. Le premier personnage est habité par un rêve récurrent qui ne cesse de le transporter dans le monde du second, au point de s'identifier à lui. Les frontières entre les deux univers se font de plus en plus floues, au fil du livre, au point de ne finalement plus exister. Dans ce roman, où le jasmin a valeur de symbole, et malgré la beauté de la langue et l'intérêt de certains épisodes vus malicieusement de deux manières (masculine puis féminine), il est facile de se perdre, vaincu par les multiples références à des théologiens et courants religieux antérieurs à l'Islam, même si trois lexiques en fin d'ouvrage (personnages historiques, écoles religieuses, lieux géographiques) viennent en partie faciliter la lecture qu'il est tentant de décrire comme "exigeante." Les jardins de Basra est sans aucun doute un roman subtil et d'une grande richesse mais passer totalement à côté, avec les regrets concomitants, n'est malheureusement pas une option. Dommage que le parfum du jasmin ne soit pas perceptible par tout le monde.

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le 6 avr. 2023

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