Albert Camus publie cette pièce en cinq actes en réponse au livre « Les mains sales » de Jean-Paul Sartre qui parait en 1949. Cette pièce se fonde sur des faits réels, elle raconte l’histoire d’un groupe de cinq socialistes révolutionnaires qui préparent un attentat visant le Grand Duc Serge. Cependant, lors du grand jour, l’un des révolutionnaires, Kaliayeb, renonce à lancer la bombe en voyant le despote accompagné de ses enfants. Mais deux jours plus tard, il tue le duc et sera arrêté. Le groupe se voit fragilisé et on suit alors les tourments des personnages, qui s’interroge et se déchire sur les décisions à prendre. On sent parfois l’influence de Dostoievski et du courant anarchiste dans l’oeuvre et les réflexions des personnages. Persuadés au départ que leur cause est juste, les personnages tour à tour vont mettre à l’épreuve leur convictions afin de déterminer le bien fondé de celles-ci. L’auteur ici est présent derrière l’oeuvre, dans la mesure ou le grand combat de Camus se fut dans l’attente et la maturation des idées. Face à un Sartre qui s’oppose et s’engage dès qu’il le peut, Camus lui choisit l’attente, pour agir de manière efficace. La référence auto-biographique à sa brève adhésion au PCA duquel il fut exclu en 1937 semble agir comme « garde-fou » de l’auteur, agissant dans la retenue, malgré la fin tragique de la pièce. Concernant la fin, l’auteur à travers le personnage de Dora révèle son pessimisme quand au monde, la jeune femme se transforme presque en kamikaze, voulant se jeter dans le terrorisme, et abolir la tyrannie pour retrouver Kaliayev dans la mort. On ne manquera pas de noter la présence d’une histoire d’amour dans la pièce qui redonne un sentiment d’humanité au lecteur.