Cet ouvrage paru en 2006 présente l’intérêt de retracer et de montrer la complexité et le sens du mouvement des Luddites.
Il évoque également -brièvement- les échos de leur action dans le monde d'aujourd'hui, mouvement (s'il en est un) qu'on appelle le néo-luddisme, et qui rassemble ceux qui luttent contre les technologies qui, selon eux, ne préservent pas l'équilibre écologique, la liberté politique ainsi que la justice économique... On comprend que les échos soient nombreux.

Mal connue en France, la révolte des Luddites secoua l’Angleterre entre 1811 et 1816, dans les Midlands, le Yorkshire et le Lancashire. Le nom de ces mouvements, tous caractérisés notamment par des bris de machines (des métiers à tisser mus par les machines à vapeur) provient de la figure mythique de Ned Ludd, qui aurait lui aussi détruit des métiers à tisser à la fin du 17eme siècle.

Étudier ces mouvements n’était apparemment pas chose simple car, s’ils étaient soutenus localement par la population, les groupes opéraient en secret pour limiter l’infiltration d’espions, et parce que la répression fut terrible, avec en particulier une loi promulguée en 1812 qui fit du bris de machines un crime capital, et ceci malgré le plaidoyer, contre cette loi inhumaine et pour la compréhension du mouvement, prononcé par Lord Byron à la Chambre des Lords en février 1812.

Les Luddites furent perçus et dépeints au XIXème siècle comme des obscurantistes opposés au progrès technique. Cependant, le mouvement est devenu un objet d’étude plus poussé à partir de 1870, et surtout au XXème siècle, par des historiens qui souhaitaient comprendre ses liens avec l’histoire du syndicalisme, ainsi qu’avec la fin d’une économie et d’une législation paternaliste et le développement du libéralisme économique, et, après la seconde guerre mondiale, au moment de l’émergence d’une critique du modèle de société issu de la révolution industrielle du XIXème siècle.

Une lecture éclairante et stimulante des éditions Ère.
MarianneL
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le 4 févr. 2014

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MarianneL

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