Les fils de Lusus

Ce sont les Portugais - ou Lusiades - qui sont au centre de cette épopée composée de 1102 huitains ! Non je n'ai pas lu l'intégralité de cette oeuvre monumentale et foisonnante, même pour moi qui lis le portugais, la syntaxe et le lexique du 16ème siècle sont parfois une barrière difficile à franchir comme le Cap des Tempêtes - plus tard Cap de Bonne-Espérance - si redouté par la flotte de Vasco de Gama...
Ce poème est considéré comme l’œuvre la plus importante du patrimoine littéraire portugais, à la fois par ses qualités poétiques - structure, rimes, magnifiques décasyllabes - mais aussi par le patriotisme qu’il répand. Le poème est dédié au roi Dom Sebastião , qui, par ironie du sort, sera celui qui provoquera la fin de l’indépendance du pays après sa mort en 1578 au Maroc.
L’action centrale de l’œuvre est la découverte de la route maritime des Indes par Vasco de Gama. Autour de cet axe, on découvre d’autres épisodes de l’histoire du Portugal depuis ses prémices - on y évoque le premier héros lusitanien, Viriato - jusqu’à l’époque de Luís de Camões. Il y glorifie le peuple portugais, faisant de fréquentes références à la mythologie - Dieux, monstres, géants et autres créatures bienveillantes ou non - et aux périodes classiques. Il s’agit de mettre l’Empire portugais, alors à son apogée, sur le même plan que les précédents grands empires: Grec, Romain, Babylonien par exemple.
Cette oeuvre aux huit mille vers est, par son importance culturelle, à mettre aux côtés d'autres plus connues comme les deux premières épopées grecques : l’Iliade et l’Odyssée de Homère.
Il existe des traductions plus ou moins réussies de ce Chant fleuve et pour qui aime l'aventure, la mythologie, la poésie, l'histoire, il ne faut pas hésiter à se perdre dans les méandres de cette histoire mouvementée aussi mouvementée que la vie de Camões lui-même (1524-1580). Le poète, aujourd'hui héros national, fut en son temps un véritable aventurier: étudiant de Coimbra, membre à la Cour, soldat à Ceuta, il a tout connu: la prison, l'exil aux Indes, les périples dans l'Empire portugais: Goa, Macao, le Mozambique, bref ces expériences forment en partie la base de son poème. Camões mourut miséreux, sans doute de la peste, huit ans après la publication de son oeuvre.
Qui lit aujourd'hui encore LES LUSIADES à part les universitaires et quelques élèves...? il est toujours temps de découvrir ce pan de la littérature mondiale en s'armant de courage - on lit et on y revient plus tard - comme les marins qui croisaient sur leurs nefs et autres caravelles des mers inconnues qui étaient à la fois source de crainte et de fascination.

Por mares nunca de antes navegados - CANTO I - estrofe I - verso 3