Premier roman de Hiro Arikawa qui est traduit en français, Les Mémoires d’un chat fut un vif succès largement compréhensible au vu de l’histoire, entre récit feel good importé des USA, miroir de la culture japonaise, lettre d’amour à la vie et bien entendu moment de grande profondeur pour tous les amoureux des félins.
Pourtant Hiro Arikawa n’est pas à son coup d’essai puisqu’il s’agit de son dixième roman et il y a une certaine maturité qui se sent tout de suite.
On a une capacité à captiver le lecteur et je dois dire que si j’étais parti, au début, pour ne lire qu’une petite session, j’ai finalement dévoré la première partie. Et ainsi de suite, on enchaîne les pages et c’est un véritable regret quand on arrive au bout, après plus de 300 pages de plaisir. Rien que cela est déjà la preuve d’un roman réussi.
Satoru est un jeune japonais qui a la trentaine, il recueille un chat errant, vivant dans la rue, un peu sauvage, mais gravement blessé suite à un accident de voiture.
Satoru, fans des chats, va donner à son chat, appelé Nana, de l’amour pendant des années. Un amour sans borne qui va devoir cesser cependant. En effet, Satoru se retrouve dans l’obligation de donner son chat. Pour cela, il va contacter ses anciens amis : l’école primaire, le collège, le lycée. Chaque étape va permettre de voir la progression du personnage, son évolution dans sa vie privée et ses amis, qui se sentent bien peu noble face à Satoru.
Chaque ami voit en Satoru une version parfaite de lui-même, quelqu’un de plus noble, de plus grandiose. Et ainsi, chaque ami grandit au contact de Satoru.
Très drôle par moment, sans rien perdre en douceur, Les Mémoires d’un Chat est l’occasion de découvrir la culture japonaise dans beaucoup de détails (le rapport au travail, la rareté des animaux, la vie de famille, l’école et sa progression), même si jamais le roman ne prétend être un documentaire sur le Japon. Je pense même que quelqu’un méconnaissant la culture japonaise risque de se sentir perdu.
On avance avec subtilité et intelligence dans ces récits de vie. D’une part les amis de Satoru qui se rappellent de leur jeunesse avec lui, d’autre part, le chat, Nana, commentant les situations avec un humour très félin dirons-nous.
Les multiples narrateurs donnent un côté très dynamique au récit.
Puis, une fois les deux tiers lus, on change de ton. L’humour demeure, mais on perd la fibre nostalgique douce, on arrive sur quelque chose de plus amère. La comédie laisse place à la tragédie. Et même si on rit, on est surtout beaucoup plus ému. La joie et l’optimisme laissent place à une forme de mélancolie très agréable pourtant.
Le récit offre donc un mélange. Le début est un pur concentré de bons sentiments où les personnages ont bien des défauts, mais où c’est surtout la subtilité de l’âme humaine qui l’emporte. On finit cependant toujours avec le sourire, là où celui-ci se crispe au fur et à mesure dans une douceur typique de ce que le Japon peut nous offrir.
En somme, une très belle découverte, pleine de poésie.