Se tirer dans les pattes tout en s'envoyant des fleurs

Bon on va la faire courte, j'ai beaucoup aimé ce roman, mais je n'ai pas compris l'avalanche de prix qu'il s'est pris sur la couverture. Hugo, Nebula, Locus, juste ça, pour un histoire d'amour et de paradoxe temporel, c'est assez étonnant.

Les oiseaux du temps raconte donc la rencontre lente et tumultueuse de deux soldates de factions rivales, qui se tirent dans les pattes tout en s'envoyant des fleurs (et/ou des boulons ou toute autre métaphore mécanique).

Le roman, bien que savamment écrit, déroule une intrigue assez chiche par petites touches. On retient de belles images, des saveurs aussi peut être, mais il ne faut pas y chercher une hard SF parfaitement maîtrisée, ni un univers abondamment décrit. Le mystère est à échelle humaine (ou toute autre entité bio-mécanique ou florale ne dépassant pas 1m80), rien ne dépasse le prisme de nos deux héroïnes perdues dans la trame du temps. C'est un prisme parfois assez élastique, et dont l'écriture ne s'attarde pas sur les limites, autant matérielles que temporelles.

Rouge comme Bleu peuvent tout faire : changer de forme, d'époque, survivre à n'importe quel pathogène et blessure, manger du verre pilé, se prendre des G sans broncher, des radiations etc... Aucun enjeu donc à leur chasse éternelle, pour faire gagner un camp qui existe par défaut dans une trame temporelle qu'il faut à tout prix influencer. Que reste-t-il à faire alors, à part se courtiser ?

Le point intéressant du roman réside dans cet ennui cosmique, la détresse que provoque l'immortalité, et donc l’excitation à enfreindre les règles par pure plaisir plus que par réel esprit révolutionnaire. Si le roman prend sur ce point, il en décevra plus d'un ou d'une qui espérait un récit de résistance ou de révolte. Car de tout cela, ici, point.

Petit bémol pour cette agréable lecture : les coquilles, qui viennent entacher la prose parfois très envolée de l'écriture. Beaucoup ont tiqué sur le chevalier de la page 107, il y a aussi quelques confusions de genres disséminés ça et là, quelques oublis d'articles. La version originale datant de 2019, il n'est pas étonnant que la première mouture soit à parfaire.

BasileValentin
8
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le 13 oct. 2022

Critique lue 33 fois

Basile Valentin

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