Les Orageuses
7.7
Les Orageuses

livre de Marcia Burnier (2020)

Des meufs, harcelées, agressées, violées, vont reprendre du pouvoir sur leur vie en orchestrant quelques douces vengeances sur leurs agresseurs, mais également en se soutenant les unes les autres, en se faisant du bien, en désamorçant ensemble, en étant solidaire.
Le décor large c'est en gros le "milieu militant" français, dans les squats, les manifs, le milieu queer et féministe. Même si on est plus dans les têtes des personnages principales et au sein d'un petit groupe de copines, mais on comprend que ce sont des féministes radicales et qu'elles ne sont pas hétéra.


Histoire cousue d'une douce violence et de vécus auxquels j'ai facilement pu m'identifier.
Nous sommes loin du "rape & revenge" sexy conçu par des mecs pour des mecs, même si c'est une fiction les histoires décrites auraient pu être mes histoires, celles de mes copines, celles de beaucoup de meufs. Les agresseurs ne sont pas des pervers sadiques qui traînent dans les ruelles sombres (portrait du violeur fantasmé si peu courant dans la vraie vie), mais ce sont des amis, des petits-copains, des mecs du milieu militant, un antifa, un tatoueur, des mecs qui se disent "pro-féministes" et qui sont les premiers à crier après un agresseur pour cacher leur propre monstre, etc. ce qui est beaucoup plus la réalité de qui sont les agresseurs et les violeurs, dans la vraie vie.
Les vengeances sont quand à elles également plausibles, même si j'aime bien les histoires où des meufs débarquent avec des gros gun pour exploser des têtes, ici un appartement saccagé, des tags sur une façade, la dénonciation publique d'un violeur etc. sont des choses qui sont très facilement faisable et imaginables.


Même si le sujet traité est violent et remue pas mal, ce livre donne également beaucoup de force, avec un message final sur le fait que le viol n'est pas une fin. On aime nous dire qu'un viol est quelque chose qui va détruire nos vies à tout jamais, qu'on ne peut s'en relever, ce livre dit le contraire : nous pouvons relever la tête, c'est dur et nous passerons par des phases obscures, mais notre vie ne sera pas définie par le(s) viol(s), nous sommes des survivantes et nous sommes puissantes.

Créée

le 30 déc. 2020

Critique lue 310 fois

6 j'aime

BlueX

Écrit par

Critique lue 310 fois

6

D'autres avis sur Les Orageuses

Les Orageuses
Eggdoll
6

De l'art de l'équilibriste : entre militantisme et poétique romanesque

Je me suis plongée avec voracité dans ce livre, qui avait aiguisé mes sens par son résumé percutant et par l'engagement subversif qu'il proposait. Je voyais déjà le truc : une reconquête épique et...

le 25 sept. 2021

2 j'aime

Les Orageuses
kochette
6

Critique de Les Orageuses par kochette

Je lis peu de fictions féministes et encore moins de livres aussi contemporains, je préfère les essais. C'est un livre court, qui m'a très bien accompagnée dans les transports en commun. Je ne suis...

le 27 mars 2022

1 j'aime

Du même critique

Moi les hommes, je les déteste
BlueX
9

Misandrie Power

Bon allez je l'attendais avec impatience celui là, ce genre de livre que tu gardes longtemps sur ta table de nuit avant de le lire car tu as envie de le savourer et de pas le consommer trop vite...

le 20 janv. 2021

9 j'aime

13

La Légende de Korra
BlueX
5

Snif, décevant et problématique.

"Avatar : le dernier maître de l'air" a accompagné mon début d'adolescence, j'en gardais un souvenir mémorable et c'est avec grand plaisir que j'ai re-regarder les 3 saisons avant de commencer "La...

le 5 sept. 2021

6 j'aime

La Terreur féministe
BlueX
9

Quand on a besoin de courage

Discours radical tenu du début à la fin sur la légitimité de l'usage de la violence face aux patriarcat et à ses défenseurs. L'autrice site à tour de rôle plusieurs figures, d'abord fictives puis...

le 25 févr. 2021

6 j'aime