J’avais sept ans quand j’ai décidé de tuer ma mère. Et dix-sept ans quand j’ai finalement mis mon projet à exécution.



Dès les premiers mots de son journal intime, Eva, qui vient de fêter ses cinquante-six ans, nous livre la cruelle vérité : un matricide dont elle va retracer la genèse. Pour son anniversaire, Anna-Clara, « la plus jeune et la plus caractérielle » de ses petits-enfants, lui a offert un carnet vierge qui deviendra le confident d'une histoire douloureuse. Car bien sûr, pour en arriver à une solution aussi radicale, on suppose beaucoup de souffrance. Cette relation mortifère entre une mère et sa fille nous est ainsi dévoilée au fil des pages de ce journal singulier. Ce récit se double de celui d'une vie « normale » de quinquagénaire, entre Sven son compagnon, sa fille, ses amis, Irène, une vieille femme dont elle prend soin, et ses rosiers.



Pourquoi les rosiers ? […] M’évoquent-ils les orgies de roses de Cléopâtre ? Ou l’expression sub rosa, « sous la rose », qui désigne l’intime, le confidentiel ? Ai-je jugé que la rose, tenue au secret, serait ma meilleure alliée ? Sans doute, car les miennes, en plus d’être belles et inaccessibles, savent tout.



Entre délicatesse et terrifiantes révélations, Eva se livre peu à peu au fil des pages, oscillant entre sa face blanche et sa face sombre, celle qui lui fait dire des mots bouleversants.



[…] je connais l’odeur fétide de la perfidie. Sa puanteur est conservée dans un bocal en verre soigneusement scellé, entreposé au plus profond de mon être.



En libérant peu à peu de lointaines émotions trop longtemps retenues, Eva trouve l'apaisement au fil des pages de son journal. Jusqu'au bout de son récit, on découvre les secrètes douleurs d'une femme qui l'ont conduite dans de curieux chemins pour se préserver. L'amour peut pousser au meurtre par passion ou jalousie, mais plus cruelle encore est la tragédie de ceux que l'on n'a pas aimés et qui tuent pour survivre. Un roman terrifiant et magnifique…

Alya-Dyn
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le 2 mars 2016

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