Les Preuves de mon innocence par Christlbouquine

Phyllida, dite Phyl, vient de terminer ses études. Sans véritable objectif, elle est retournée vivre chez ses parents et gagnent sa vie en travaillant dans un restaurant japonais au terminal d’Heathrow tout en caressant le projet d’écrire un livre. C’est lors de la visite d’un ami de longue date de sa mère, Christopher, que la vie de Phyl bascule. Auteur d’un blog, Christopher n’a de cesse que de dénoncer les dérives conservatrices extrémistes de certains groupuscules, un en particulier dont les origines remontent à l’époque où lui-même et la mère de Phyl étaient étudiants à Cambridge. Pour en savoir plus, Christopher décide de se rendre à une conférence dans une demeure des Cotswolds où les choses vont tourner de manière tragique, déclenchant une enquête policière.

Mais qu’est-ce que ce livre ? Un cosy crime ? Un “dark academia” ? Une autofiction ? Pour notre plus grand plaisir et l’évidente jubilation de l’auteur, les trois à la fois ! Et avec le talent de Jonathan Coe, cela ne peut être qu’une totale réussite. Il nous entraîne dans l’Angleterre de 2022, alors que Lizz Truss devient l’éphémère première ministre du pays et que la Reine Elisabeth meurt. Il saisit l’occasion pour élaborer une critique éclairée de l’ultraconservatisme à travers plusieurs personnalités aussi retorses qu’antipathiques auxquelles Christopher va se confronter. Mais qu’était-il vraiment venu chercher, que voulait-il prouver et qui dérangeait-il ? C’est aussi tout ce que va essayer de découvrir l’inspectrice Prudence Freeborne, remarquable investigatrice qui signe là sa dernière enquête avant de prendre sa retraite.

On retrouve aussi dans ce roman bon nombre des thématiques qui occupent habituellement Jonathan Coe notamment le temps qui file et les amitiés qui résistent, saupoudrées d’une légère nostalgie. Mais aussi ses préoccupations plus sociales et politiques. Tout cela tisse une trame précise et serrée servie par une formidable galerie de personnages et la légendaire ironie de l’auteur qui signe là, à nouveau, un fantastique roman. On en sort, une fois de plus, bluffé par le talent de Jonathan Coe qui nous enchante depuis La Femme de hasard.