"Les rêves des autres" ou "Faut-il sauver leurs espaces intérieurs ?"

Quelle meilleure façon de découvrir un écrivain que ses nouvelles ?

Ce recueil, c’est donc « Les rêves des autres », regroupant sept nouvelles :
- Les rêves des autres
- Un énergumène passe à table
- L’espace intérieur
- Dans un état proche de l’Iowa, où l’itinéraire qui mène à l’état de grâce
- Un royaume de lassitude
- Faut-il sauver Piggy Sneed ?
- Mon dîner à la Maison-Blanche
Moi qui suis sensible aux titres, ici ils ont éveillé ma curiosité de suite.

Quid de ces nouvelles, donc ?

J’y ai découvert un écrivain à l’écriture fluide, sans trop de fioritures mais efficace, qui ne s’embarrasse pas de trop longs passages descriptifs et possède un talent certain pour les dialogues qui font mouche. Et encore mieux : distillé de-ci de-là, subtilement et sans lourdeur, un humour tour à tour drôle, cynique, qui, loin de les dénaturer, rend ces histoires encore plus crédibles et agréables à lire. Voilà pour la forme.
Irving fait partie de ces auteurs qui savent rendre le banal, le quotidien, intéressant, cela se remarque surtout dans les nouvelles « Espace Intérieur » et « Un royaume de lassitude » qui donne l’envie de les voir durer, encore un peu, tant les caractères des personnages, si bien dépeints, au fur et à mesure du récit, semblent réalistes et tant leurs aventures ordinaires, narrées sous la plume de l’écrivain, deviennent attachantes, mélancoliques et laissant une impression douce-amère une fois terminée. Voilà pour le fond.


La seule chose qui m’ait gênée, c’est le manque de régularité entre les différentes nouvelles. Effectivement, hormis pour vendre des livres, je ne saisis pas trop l’intérêt d’avoir regroupé 7 nouvelles qui jusqu’alors n’avaient été publiées que dans des magazines littéraire, entre 1968 et 1993. D’où le résultat logique : certaines nouvelles sont beaucoup plus efficaces que d’autres, et je pose un gros véto sur « Un énergumène passe à table » (beaucoup trop courte pour vraiment développer le sujet délicat qui y est exposé) et « Dans un état proche de l’Iowa, où l’itinéraire qui mène à l’état de grâce » (originale, oui, mais ch… pas passionnante). A l'inverse, en plus des deux déjà citées dans le paragraphe précédent, "Faut-il sauver Piggy Sneed ?" se révèle mordante, dépeignant avec justesse et dureté la cruauté des enfants. Une réussite, en grande partie autobiographique.

Reste que c’est un essai concluant. La façon qu’a Irving de dépeindre et les gens et les situations donne vraiment envie d’en découvrir plus.
Pravda
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le 29 mai 2013

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