Devoir de mémoire
Tête droite, tignasse épaisse et moustache blanche, y a pas à dire Cavanna a fière allure dans la petite fenêtre sur la couverture de ce livre de poche, Les Ritals. Pour moi ce livre résonnait en un...
le 7 févr. 2016
20 j'aime
4
Cavanna n'est pas qu'un journaliste/éditorialiste, il est, ou a été plutôt, un écrivain talentueux. Dans la veine d'un Alphonse Boudard, avec un langage argotique et une certaine nervosité dans les descriptions, ce fils d'italiens dépeignait son enfance de manière admirable dans son livre Les Ritals. L'enfance dans une France en reconstruction, encore bricolée, avec la cruauté du quotidien de ces chers bambins. Une enfance avec ses initiations également. Premiers larcins, premières découvertes sexuelles. Du coup, derrière la virulence du langage, se cache une grande tendresse et un beau livre sur l'enfance.
Dans l'extrait ci-dessous, on peut lire un portrait/critique du narrateur à propos des pêcheurs. Drôle, vif et d'une incroyable justesse. Le regard acéré ou comment critiquer les petites gens, avec intelligence.
"Sur la Marne, il y a aussi les pêcheurs. Des vieilles merdes qui louent un emplacement avec un piquet pour amarrer une barque plate, peinte en vert, aussi déprimante à voir qu'une pantoufle charentaise. Ils restent là, des plombes et des plombes, à guetter le bouchon, faut avoir de la purée de marrons à la place du cerveau.Et quand ils en sortent un, ces enfoirés, un gardon comme mon petit doigt, je me barre, je les fracasserais à coups de parpaing, je les balancerais à la baille, je sens la colère rouge qui monte. Pourriture de braves gens ! Ils te décrochent la bestiole, la gueule arrachée, la jettent dans le panier de zinc, et là, elle se tortillera bâillera étouffera pendant des heures, tout ça pour que ces connards à bidoche grise, à bajoues et à mégot aient un peu de saine distraction au bon air !"
Créée
le 3 janv. 2016
Critique lue 394 fois
D'autres avis sur Les Ritals
Tête droite, tignasse épaisse et moustache blanche, y a pas à dire Cavanna a fière allure dans la petite fenêtre sur la couverture de ce livre de poche, Les Ritals. Pour moi ce livre résonnait en un...
le 7 févr. 2016
20 j'aime
4
Cavanna, cent ans déjà. Ah non ? Putain, il est tellement vieux, faut dire... Ça tombe bien, puisque dans Les Ritals - et Les Russkofs, et en fait la meilleure de son oeuvre - c'est sa vie qu'il...
Par
le 5 juil. 2010
8 j'aime
J'avais lu en français l'extrait sur le marchand d'huile, ça dormait dans un coin de ma tête.. Les souvenirs d'enfance de Cavanna, fils d'un père italien maçon à Nogent et d'une mère française qui...
Par
le 16 juil. 2015
2 j'aime
Du même critique
Bernanos est un écrivain fascinant pour sa trajectoire, du franquisme à l’anti-franquisme pour finir dans les bras de la religion, voire du mysticisme. J’en avais parlé lorsqu’il était question de...
Par
le 5 janv. 2016
11 j'aime
1
On en reparle depuis qu’il réédite son livre le plus sulfureux, et également son livre le plus connu, Jean Raspail revient pour nous parler de ses craintes, de son attachement à ses racines presque...
Par
le 5 janv. 2016
6 j'aime
Lucien Rebatet et Pierre-Antoine Cousteau se définissaient comme des écrivains fascistes. Au lieu de les stigmatiser, et ainsi de mettre automatiquement le verrou, le livre Dialogue de « vaincus »...
Par
le 5 janv. 2016
6 j'aime