C'est à l'adolescence que j'ai lu pour la première fois les Ritals et les Ruskoffs. Rarement des romans ne m'ont autant marqué que ceux de Cavanna...

A 14 ans, bien sûr, j'avais entendu parler de la seconde Guerre Mondiale (essentiellement à l'école), de déportation, des camps de travail ou de déportation, du STO, etc... Les adultes qui m'en parlaient associaient souvent ces sujets aux termes « horreur », « affreux », « horrible », mais le plus souvent sans rentrer dans les détails et sans expliquer comment pouvait vraiment être la vie là-bas. Dans ma tête de gamin, cette « réalité historique » oscillait paradoxalement entre conditionnement pavlovien (ce qui est nazi est mal, ce qui est mal est nazi, c'est tout ce que nous avions à retenir), concept flou et images choc tirées de nos livres d'histoire et représentations fantasmées de bourreaux et de victimes.

Lire les Ruskoffs a été pour moi comme la découverte d'un nouveau grand-père, qui me racontait « sa » guerre. Qui me disait que, parfois, malgré des épreuves terriblement dures, on pouvait quand même de temps en temps se retrouver dans des situations cocasses. Qu'il pouvait parfois jaillir une petite étincelle de bonheur. Qu'on rencontrait des amis, qu'on en perdait aussi. Qu'on ne faisait pas « que » subir, qu'on n'était pas qu'une victime, qu'on pouvait également essayer de vivre et pas que survivre.

La lecture de ce roman, accentuée par son côté autobiographique et non-fictionnel, a rendu cette guerre plus réelle dans mon esprit. J'ai ri, j'ai pleuré, et au risque d'en choquer certains, j'avoue avoir éprouvé plus de compassion pour Cavanna et les personnages des Ruskoffs que pour les millions de victimes dont parlaient mes profs d'histoire et les documentaires télé qui traitaient du même sujet. Leur histoire n'était pas réduite à une foule d'anonymes persécutés, souffrants, agonisants. Ils étaient plus réels, leur histoire à chacun n'a pas commencé en 1939 et ne s'est pas finie en 1945.

C'est donc grâce à ce roman et à « Grand-Père Cavanna » que cette guerre est devenue réelle dans mon esprit d'adolescent. Un livre à conseiller...
Thran
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le 4 janv. 2012

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Bert Thran

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