J’ai eu beaucoup de mal à écrire ce commentaire, tant ce livre m’a laissé dans un entre-deux, chose inhabituelle dans mes lectures. La crasse est partout, si présente qu’elle engloutit le lecteur. Je ne me suis jamais sentie aussi dégoûtée devant un livre : une dystopie sale, écœurante, où tout, les paroles, les actes, les gens, suinte l’ordure et le désespoir. Moi qui cherche à m’entourer de beauté, je me suis retrouvée enfermée dans un monde où rien ne me donnais envie de rester. J’ai eu l’impression de retrouver le côté loufoque de Boris Vian, mais basculé de l’autre côté du miroir, celui des immondices et des êtres sans avenir. Ce roman m’a laissée interdite : je l’ai détesté, non parce qu’il était mauvais, mais justement car il est si bien écrit que moi aussi je voulais fuir ce village, ne pas être atrophier à mon tour de mes membres ou de mes rêves ou de mon humanité. Et pire encore : je me suis détestée d’avoir eu envie d’y retourner, de vouloir finir, d’espérer un happy end alors que tout, absolument tout, annonçait l’inéluctable.