Bien, je crois qu'aucun résumé ne serait assez efficace pour donner envie de lire le livre. Je pense également qu'une critique de ma part, une critique de néophyte, une critique sacrilège ? - hérétique ou que sais-je encore, bref, une critique de ma part, je ne le sens pas trop (je le rumine encore, faut du temps et sûrement d'autres livres pour me sentir plus à l'aise).


Ça me semble plus pertinent de mettre un extrait de ce livre édifiant qui, des années après, me semble conserver une certaine actualité, une actualité de l'époque réactualisée maintenant, des années après.


Je veux dire par là : description d'un processus identifié à un moment donné (enquête sociologique oblige) qui trouve ses répercussions (je parle du processus) maintenant : Bourdieu voyait rouge, beaucoup rient jaune aujourd'hui.


Un extrait donc, une conclusion, ou plutôt, une arrivée (il y a donc un voyage). Renversant.


"Ce qui a été évoqué, tout au long de ce travail, c'est un des fondements majeurs de la misère petite bourgeoise ; ou, plus exactement, de toutes les petites misères, toutes les atteintes à la liberté, aux espérances, aux désirs, qui encombrent l'existence de soucis, de déceptions, de restrictions, d'échecs et aussi, presque inévitablement, de mélancolie et de ressentiment. Cette misère là n'inspire pas spontanément la sympathie, la compassion ou l'indignation que suscitent les grandes rigueurs de la condition prolétarienne [le livre de Bourdieu étudie spécifiquement le marché des maisons individuelles].


Sans doute parce que les aspirations qui sont au principe de des insatisfactions, des désillusions et des souffrances du petit bourgeois, victime par excellence de la violence symbolique, semblent toujours devoir quelque chose à la complicité de celui qui les subit et aux désirs mystifiés, extorqués, aliénés, par lesquels, incarnation moderne de l'héautontimoroumenos [voir les fleurs du mal, c'est l'idée d'être son propre démon, coupable de sa propre mélancolie, tristesse, etc.], il conspire à son propre malheur.


En s'engageant dans des projets souvent trop grands pour lui, parce que mesurés à ses prétentions plus qu'à ses propres possibilités, il s'enferme lui-même dans des contraintes impossibles, sans autre recours que de faire face, au prix d'une tension extraordinaire, aux conséquences de ses choix, en même temps que de travailler à se contenter, comme on dit, de ce que les sanctions du réel ont accordé à ses attentes : il pourra ainsi passer toute une vie à s'efforcer de justifier, à ses propres yeux et aux yeux de ses proches, les achats ratés, les démarches malheureuses, les contrats léonins ou, sur un autre terrain privilégié de ses investissements, celui de l'éducation, les échecs et les demi-réussites, ou, pire, les succès trompeurs menant à des impasses royales, celles que l'école réserve souvent à ses élus (...)."


Voilà.

batche
7
Écrit par

Créée

le 10 mai 2019

Critique lue 117 fois

batche

Écrit par

Critique lue 117 fois

Du même critique

The Forest of Love
batche
9

Critique de The Forest of Love par batche

Le film le plus désespérément triste et cruel de Sono Sion. Après une période cinématographique que j'ai pour ma part suivie d'un oeil distrait, pas convaincu, Sono Sion semble lorgner vers le...

le 30 oct. 2019

10 j'aime

La Société ingouvernable
batche
9

Critique de La Société ingouvernable par batche

Merde. C'est un peu embêtant ça. Ben oui, malgré les efforts entrepris par quelques uns d'entre nous (Prof Hayek, on t'aime XoXo), avant et au sortir de la guerre, on n'a pas réussi à gagner la...

le 10 mai 2019

9 j'aime

The Falling
batche
4

Plus molle sera la chute.

The Falling, c'est l'histoire de deux ados, l'une extravertie, l'autre renfermée, qui vivent leurs années de collège dans la rebellion. Abbie (celle qui est "délurée", jouée par Florence Pugh)...

le 5 mai 2021

4 j'aime