Ce dernier volume s’inscrit dans la continuité directe du précédent, qui s’achevait sur la fin du boulangisme. Ici, Barrès nous plonge au cœur du scandale de Panama, déjà esquissé auparavant mais qui occupe désormais toute la scène. Les fameux Lorrains, piliers des deux premiers tomes, sont relégués au second plan : ils n’ont droit qu’à quelques miettes, comme pour rappeler leur existence sans qu’ils ne portent réellement le récit.
Le roman décrit avec minutie les rouages du scandale, en suivant aussi bien les financiers que les parlementaires compromis. Les retournements de veste, la lâcheté et le cynisme dominent un monde politique et affairiste où chacun cherche à sauver sa peau, quitte à sacrifier des boucs émissaires. Barrès dénonce ainsi un univers où l’intérêt personnel a remplacé toute idée de bien commun. Ses personnages, une fois entrés au Palais-Bourbon, perdent leur identité, deviennent interchangeables et s’éloignent de leurs racines pour sombrer dans un « chacun pour soi » généralisé.
Comme souvent chez Barrès, revient le leitmotiv de la terre et des ancêtres. Mais ici, son constat se fait amer : le scandale du Panama ne débouche pas sur une refondation du régime parlementaire, mais seulement sur le remplacement d’une génération par une autre. Dans le fond, rien ne change, puisque tous demeurent déracinés et incapables d’incarner la France éternelle telle que l’auteur l’appelle de ses vœux. La conclusion est donc teintée de pessimisme, cohérente avec l’évolution de sa pensée mais un peu répétitive.
En définitive, Les Figures apparaît comme le tome le plus fragile de la trilogie. L’idéologie de Barrès y tourne en rond, sans véritable nouveauté, et le souffle qui animait la peinture du boulangisme s’essouffle face au scandale du Panama. Reste malgré tout son style, toujours impeccable, qui confère à l’ensemble une certaine tenue littéraire.