Tito Topin : certains le connaissent peut-être comme le scénariste de Navarro. On le découvre ici comme auteur de polars.
Dès les premières pages on plonge avec délices dans ce Lybian Exodus, comme dans un bon film de série B, nerveux et musclé. Avec un plaisir un peu coupable, on imagine retrouver les Bob Morane de notre enfance, quand les mercenaires, les belles pépés et les aventuriers se donnaient rendez-vous au café américain de Casablanca.
Certes on est bien en Afrique du Nord mais Tito Topin (qui a vécu au Maroc) est plus malin que cela : son bouquin date de 2012 et prend comme décor les événements de 2011 en Lybie. C'était le fameux Printemps, c'était la chute imminente de Khadafi, c'était le foutoir. Fort sagement, l'auteur restera très light dans les couplets obligés sur l'islam et la révolution démocratique (1) , couplets un peu faciles forcément et se gardera bien de donner des leçons de géopolitique.
En pleine guerre civile, dans un pays à feu à et à sang, zigzaguant au milieu du chaos entre bandes rebelles et armées plus ou moins officielles, une land rover roule à toute allure sur les pistes libyennes. À bord, quelques fuyards rassemblés on ne sait trop comment (ou plus exactement : on découvrira comment ...), une petite troupe haute en couleurs et pour le moins hétéroclite : une actrice de théâtre, un escroc, un pilote de chasse, un professeur d'arabe, un médecin alcoolique, une femme enceinte, un faux archéologue, ... certains libyens, d'autres tchadiens ou encore tout à fait étrangers.
Les courts chapitres nous laissent peu de répit : entre les épisodes rocambolesques de la fuite de la land rover, on découvre peu à peu l'histoire de chacun des personnages et ce qui les aura amenés à se retrouver entre ces pages.
Des pages que l'on tourne à vive allure, au rythme de la fuite, pressés que nous sommes de découvrir d'où vient chacun de ces personnages et de deviner où l'auteur compte bien nous emmener (à part rejoindre la frontière au plus vite !).
Peut-être pourra-t-on critiquer des personnages un peu caricaturaux placés dans des situations un peu convenues mais c'est aussi la règle dans ce genre, façon série B revisitée par un intello.
Et l'écriture fluide de Tito Topin (tout à fait en accord avec son histoire) emporte facilement l'adhésion.
De quoi nous faire regretter de ne pas avoir connu cet auteur plus tôt et nous donner envie de repartir avec lui en Afrique du Nord pour retrouver son écriture sèche et ironique, érudite mais sans fioritures, un petit peu désuète avec ses savoureuses descriptions de personnages à l'ancienne.
Pour celles et ceux qui aiment les road-tripes.

(1) - on se prend presque à regretter de finalement ne pas en apprendre plus sur ces événements, là où un regard un peu décalé nous aurait intéressé
BMR
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le 20 août 2014

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Bruno Menetrier

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