le 26 mars 2019
Un goût de fin du monde
Une plongée intense, conséquente mais accessible au cœur de cette gouvernance invisible et des conflits d'intérêts qui lui font la part belle. Sans oublier la dissonance cognitive qui fait loi à une...
Application SensCritique : Une semaine après sa sortie, on fait le point ici.
Démarrant avec une traditionnelle approche historique, c'est le tabac qui a jeté les bases d'une industrie destinée à semer le doute dans l'esprit des utilisateurs et des consommateurs, outre la controverse et le glissement des problèmatiques, c'est bien le doute qui reste l'arme la plus puissante de ces lobbies, tellement fort qu'ils ont réussi à faire douter le monde entier sur le sujet du changement climatique alors qu'il y a pratiquement consensus sur le sujet.
"Quand tout le monde vous ment en permanence, le résultat n'est pas que vous croyez ces mensonges mais que plus personne ne croit plus rien. Un peuple qui ne peut plus rien croire ne peut se faire une opinion. Il est privé non seulement de sa capacité d'agir mais aussi de sa capacité de penser et de juger. Et avec un tel peuple, vous pouvez faire ce que vous voulez."
-Hannah Arendt, 1974
Au cours des pages, ce sont beaucoup de scandales qui sont mentionnés : plomb (dont la nocivité est pourtant connu depuis l'époque romaine), pertubateurs endocriniens, amiante...
L'industrie est tellement irresponsable qu'il a même fallu mettre en place des standards de test suite notamment au scandal IBT :
https://en.wikipedia.org/wiki/Industrial_Bio-Test_Laboratories
L'enjeu de la transparence et de la source des financements dans les revues scientifiques est naturellement passé au crible, notamment dans les sujets médicaux où les firmes pharmaceutiques sont toutes puissantes.
Ce serait d'ailleurs oublier Monsanto dans cet ouvrage dont les manoeuvres sont nommés (avec les individus).
Il ne faudrait pas non oublier le monde agro-alimentaire où Coca-cola, par exemple, a été jusqu'à donner plusieurs millions de dollars aux associations de parents d'élèves en milieux défavorisé pour que le célèbre soda puisse continuer d'être servi dans les écoles dans le pays qui connait les plus graves problèmes d'obésité.
Mais ce sont surtout les fastueuses réunions dans des hôtels qui sont narrés, réunissant des membres venant d'institut (lesquels sont trop souvent juste des officines de propagandes), des scientifiques et des législateurs. Les ONG sont généralement exclues (les réunions ont des tarifs exorbitants sans doute à dessein). Quant aux scientifiques, ce sont plutôt des experts qui sont sollicités... experts qui n'en sont généralement pas, en effet, il est difficile d'être expert en tout, du coup ces "experts" offrent surtout leur réputation et leur autorité.
Au final, c'est la question du conflit d'intérêt qui est au centre de cet ouvrage avec toute la difficulté qu'on peut avoir à le décrire et surtout depuis que les gouvernements se sont retirés du financement de la recherche, on se retrouve avec un situation profondément contradictoire : d'un côté, les chercheurs doivent trouver des financements privés pour continuer leur recherche mais de l'autre, il leur est demandé de faire preuve d'intégrité dans la conduite de leurs travaux en s'affranchissant des dits-financements. .
Côté règlementaire vu que les industriels sont indispensables, ils sont naturellement consultés sur le problème et leurs réponses déplacent généralement la problèmatique, outre les labels et autres chartes à moitié bidons, ce sont surtout de belles stratégies de contournement qui sont mises à en places : "manger bouger", les industriels sont toujours là pour motiver à faire du sport détournant l'attention de la nocivité de leur produit et notamment dans ce cas le sucre, dans cette opération, les organismes sportifs sont complices car ils y gagnent des abonnées.
Par ailleurs les combats judiciaires sont extrêmement longs vu que les industriels exigent toujours que soit la preuve de la nocivité de leur produit : les agriculteurs face à Monsanto ou les personnes exposées au plomb ou à l'amiante ne le savent que trop bien.
En conclusion, si la personne pleine de sagesse accepte le doute comme point d'appui pour une évolution permanente, les industriels l'ont imposé même dans les lieux où il n'est plus permis et comme ne manque pas de le rappeler l'auteur, cela empoisonne non seulement nos corps, mais aussi nos esprits et même nos démocraties.
Et surtout n'oubliez pas : si c'est gratuit, c'est vous le produit (surtout après avoir donné vos noms, prénoms adresse...) :p
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Créée
le 18 nov. 2019
Critique lue 279 fois
le 26 mars 2019
Une plongée intense, conséquente mais accessible au cœur de cette gouvernance invisible et des conflits d'intérêts qui lui font la part belle. Sans oublier la dissonance cognitive qui fait loi à une...
le 6 juil. 2016
A toute fin utile, précisons que je suis végétarien depuis 2015. Bon déjà sautez le premier chapitre qui ne sert à rien, vous serez bien d'accord pour dire que les atermoiements des auteurs sont...
le 20 févr. 2017
Beaucoup de critiques s'attachent à faire une comparaison avec l'oeuvre antérieure ce qui ne sera pas le cas ici. Dans un monde qui s'avèrera finalement moderne, un campagnard un peu plouc décide de...
le 30 mai 2014
Une critique plus complète avec considération est présente ici : http://www.agoravox.fr/tribune-libre/article/dette-5000-ans-d-histoire-de-david-153390 Appuyé sur un important et dense travail de...
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