La chronique littéraire sur les radios de l'Arc jurassien

Le Kid, 21 ans, vit sous un viaduc à plus de 800 mètres d'écoles, de crèches, ou de tout autre lieu où se rassemblent les enfants. Son quotidien, il le partage avec Iggy, son iguane, et d'autres délinquants sexuels en liberté conditionnelle, comme lui. Dix ans à porter ce bracelet électronique à la cheville, à vivre reclus de la société, sans travail, sans abris. Dix années pendant lesquelles sa fiche et la nature de son délit sont inscrits sur le site familywatchdog.us, auquel n'importe quel quidam a accès.
La vie sous le viaduc se résume à survivre et rester discret. Recharger son bracelet électronique régulièrement et répondre aux appels de sa contrôleuse judiciaire.
Jusqu'au jour où un professeur de sociologie l'approche, un homme intelligent et une vraie montagne de chair. Il mène une étude sur les délinquants sexuels sans abris, et a besoin d'un sujet, un «cobaye».

De ce point de départ, le Kid se met à renaître, à devenir important pour quelqu'un, à ne plus s'ennuyer. Il se dévoile, prend plaisir à parler de lui et commence à apprécier les visites régulières de cet homme hors normes.
A travers Lointain souvenir de la peau, Russel Banks dénonce une Amérique puritaine à l'extrême. Le moindre délit sexuel est lourdement condamné, au point de marquer au fer rouge les coupables. Il n'y a pas d'échappatoire, pas de différence entre un baiseur de bébés et une jeune homme addict au porno. Le Professeur, avec son étude, aimerait prouver que les délinquants sexuels ne sont pas malades, mais que la société tout entière l'est.

Lointain souvenir de la peau est un pavé qui se dévore. D'une écriture parfaitement maîtrisée, Banks nous ouvre les yeux sur un monde paranoïaque où personne n'a le droit à l'erreur. Où la crasse peut côtoyer le luxe tant qu'on ne la voit pas, et où la soi-disant plus grande puissance mondiale préfère cacher ses parias au lieu de les aider à réintégrer la société. Une société où derrière chaque geste peut se camoufler une obscénité, derrière chaque homme, un prédateur sexuel.
Mei-mei
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le 8 mai 2012

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