Strindberg nous livre ici l’élaboration d’un fantasme qui n’a de réalité qu’une psychologie travaillée. Le spectacle, le mirage, le rêve fantasmagorique de sa domination (car au fond jean, c’est lui) sur le « sexe faible ». Julie n’est que le réceptacle de sa haine du féminin, qui, bien que dépeinte d’une plume aiguisée, réunit malheureusement trop de méchanceté, de folie et de vice pour que cela soit vrai. Une seule femme ne suffit à illustrer toute l’immondice dont le sexe féminin est capable. Cette démesure frôlant la caricature dessert le propos et noie la vraisemblance (pourtant tant recherchée) de la pièce. Le personnage de mademoiselle Julie est en bref une satire, un type - tout à fait commun au théâtre - et par cela la pièce se rapproche du théâtre « populaire » que strindberg semble abhorrer et dont il croit se détacher. Cette pièce qu’il espère extraordinaire - au sens propre du terme - est au fond bien commune, donnant par dessus tout le spectacle de la frustration et de l’orgueil de l’auteur lui même qui espérait pourtant, par son théâtre, le « retour d’une institution pour le plaisir des gens cultivés ».
A cela s’ajoute une critique maladroite de ce que le féminisme lui semble être et du combat pour cette « sois disant égalité des sexes » que strindberg s’empresse de tourner au ridicule.