Maigret tend un piège

Ce roman de Simenon se distingue un peu de l'habituel "Maigret" de base.

Certes, on le sait, le commissaire Jules Maigret, qui est un homme simple de terroir et non d'appareil (judiciaire), a besoin de s'immerger dans une affaire, de sentir l'atmosphère qui règne autour de l'affaire, de jauger les gens qui gravitent autour.

Ici, il tombe sur une difficulté car il n'y a pas d'atmosphère à renifler, car il n'y a aucun indice dans ces crimes en série. Après le cinquième crime dont il note toujours le même modus operandi, il rencontre fortuitement un psychiatre renommé qui lui ouvre quelques pistes, qui lui confirme certaines vagues intuitions et lui recadre la psychologie d'un "esprit malade". Ainsi, sur la base de ce qu'on peut supposer d'un maniaque, il va monter un piège qui peut tout aussi bien se terminer par un sixième crime.

Le roman détaille les affres psychologiques que rencontre Maigret. Il mesure à quel point il risque gros dans cette affaire alors qu'il n'est pas suivi par le juge d'instruction qui réfère ignorer l'action et que la presse omniprésente peut se retourner contre lui.

Même quand il tient un suspect, il reste démuni devant un homme insaisissable. Il finit par ne comprendre qu'une chose, c'est le besoin d'orgueil ou d'existence de cet homme pris dans les filets de deux femmes "castratrices".

En cela, le film, absolument excellent, de Jean Delannoy avec Jean Gabin et Jean Desailly, Annie Girardot et Lucienne Bogaert est légèrement différent car Delannoy ramène la motivation du suspect à une vengeance sur un évènement ciblé. Le film reste une excellente adaptation du roman.