Comme souligné dans le numéro 1 de la revue "Observatoire situationniste" (lien sous le commentaire) "quoi qu'il puisse réellement arriver dans le monde, la réalité de tout ce qui arrive est reprise comme spectacle, de sorte que rien n'arrive d'autre que la succession des images qui ramène toujours les spectateurs à une fondamentale passivité.
La société du spectacle est juste une anesthésie planétaire, et la vie des gens un coma animé.
Certes, il arrive, et de plus en plus souvent, que la réalité tire brusquement les peuples de leur sommeil artificiel, mais comme ils sont très démunis, ils se rendorment dès que possible et « le spectacle est le gardien de ce sommeil. »
Nous observons donc prioritairement comment ce sommeil est organisé car, quoi qu'il se passe, une pandémie ou un cirque électoral, un attentat ou une faillite économique, ce qui dominera les regards, c'est sa mise en spectacle, avec le rôle que la société assignera à chacun dans cette mascarade."


Ainsi, s'il est clair que le coronavirus existe/a existé, il est tout aussi clair - pour qui ne se laisse pas aveugler - que sa mise en spectacle existe aussi, et qu'elle en organise, domine et formate massivement la perception.
Il semble que le ou les auteurs de ce pamphlet disent la même chose.


Il semble tout aussi clair que la pandémie étant en réalité une syndémie (cf. Richard Horton, rédacteur en chef de la revue Lancet) - « un entrelacement de maladies, de facteurs biologiques et environnementaux qui, par leur synergie, aggravent les conséquences de ces maladies sur une population » -, elle est juste un des révélateurs de l'état maladif de nos sociétés.


C'est apparemment aussi ce que dit ce livre : "il faut bien admettre que, s'il y a une “cause” à cette maladie, c'est bien moins le virus lui-même que l'état pathologique normal propre à ce monde."


Dernier point au stade où j'en suis de ma lecture/réflexion. le ou les auteurs soulignent qu'il n'y a certainement pas un complot mondial, mais un entrecroisement incessant de conspirations en tous genres. Qui en douterait ?


J'ai repensé ici à ce qu'écrivait Debord dans ses Commentaires sur la société du spectacle (1988), concernant l'insoluble « contradiction entre la masse des informations relevées sur un nombre croissant d'individus, et le temps et l'intelligence disponibles pour les analyser ; ou tout simplement leur intérêt possible. L'abondance de la matière oblige à la résumer à chaque étage : beaucoup en disparaît, et le restant est encore trop long pour être lu. La conduite de la surveillance et de la manipulation n'est pas unifiée. Partout en effet, on lutte pour le partage des profits ; et donc aussi pour le développement prioritaire de telle ou telle virtualité de la société existante, au détriment de toutes ses autres virtualités. »


De sorte que les rivalités des pouvoirs de toutes sortes leur font continuellement miroiter l'espoir d'une « espèce d'hégémonie » qui se trouve néanmoins, ajoutait-il, « privée de sens. Car le sens s'est perdu avec le centre connaissable. »


De sorte qu'on peut dire que si le spectacle ne nous aura sans doute rien épargné, il ne s'est pas non plus arrêté aux portes des Palais : là-bas aussi, l'illusion sert de boussole.


J'aurais quelques autres remarques à faire sur ce livre dont je ne partage certainement pas tout (notamment concernant le style), mais en quoi je vois une balise réflexive intéressante.
Ce sera pour une autre fois, et ailleurs.


PDF/Revue O.S

ArmelAutre
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le 27 févr. 2022

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