La fée électricité
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Si les lignes folles du firmament d'une Nuit Étoilée ou les vapeurs fantastiques d'une estampe d'Hokusai peuvent susciter l'émoi via les reproductions données dans un ouvrage d'art, la peinture mystique de Mark Rothko nécessite une mise en présence pour déployer ses effets. Par conséquent, certains n'ont vu dans la peinture de Rotkovičs qu'un art "décoratif", insulte suprême pour le naufragé de l'Empire Russe. Francis Bacon a prononcé un tel jugement. Pourtant, à y regarder, les œuvres des deux artistes apparaissent comme les pôles opposés de la planète Nietzsche, et comme chacun le sait, les deux pôles partagent beaucoup : froids, désespérés et noyés dans l'alcool.
Les œuvres majeures de Mark Rothko se trouvant ou bien à Daugavpils, dans sa ville d'enfance, en Lettonie, ou bien Outre-Atlantique, pour entrer un peu dans sa peinture, une porte possible est ouverte par les écrits de ceux qui ont eu la chance de se confronter à ses tableaux. La restitution par une reproduction miniature ou la description des couleurs (que Michel Pastoureau n'en prenne pas ombrage) révèle ses limites avec Rothko. "Ainsi ne serions-nous reproduire l'énoncé d'une peinture en mots. Nous pouvons seulement espérer éveiller par nos mots un train d'associations semblables." C'est d'ailleurs par association que j'ai eu envie de me plonger dans le travail de Rothko. Un brillant exposé au Collège de France sur les usages de Kierkegaard par Chaké Matossian, professeure à l'Académie Royale des Beaux-Arts de Bruxelles, a su stimuler ma curiosité au point que ma critique en emprunte le titre. Les passages de Cimetière à Fenêtre sur Cour, les ponts vers Arshile Gorky, vers un sacré farceur nommé Marcel Duchamp ou vers l'émigré empreint du Talmud - j'ai voulu à mon tour les emprunter.
Rêver de ne pas être parvient avec de belles formules à esquisser ce "retour au vide chargé de tout ce qui a été connu." Mais inévitablement, la langue butte sur la toile qui ne dit rien. Le blanc est peut-être "une injure pour notre âme abîmée" mais vouloir le combler par une "parole inexprimée", c'est-à-dire par Dieu, est sans doute illusoire. "Tout ce qui proprement peut être dit peut être dit clairement, et sur ce dont on ne peut parler, il faut garder le silence." dit un autre lecteur de Johannes de Silentio. Or, la parole de Stéphane Lambert manque de précision, elle est évanescente et finit par se perdre totalement dans la Chapel en une élucubration nonsensique. Les mots partent en lambeaux, le désespoir a vaincu la couleur.
"L'effacement soit ma façon de resplendir." - Philippe Jaccottet.
Créée
le 14 août 2023
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