Martin Eden m’a profondément marquée. Ce roman, sous ses airs de parcours de réussite, raconte en réalité la lente désillusion d’un homme qui voulait s’élever par la force de l’esprit et finit consumé par sa propre lucidité.
Jack London y mêle la pensée de Nietzsche, de Schopenhauer, et une forme d’existentialisme avant l’heure : on y retrouve la grandeur tragique de celui qui veut se créer seul, sans Dieu ni appartenance, mais qui se découvre prisonnier de son orgueil et de son isolement. C’est un roman sur l’orgueil, le mérite, la reconnaissance, et sur ce vide qui nous guette quand tout ce qu’on voulait devient insignifiant.
Martin n’échoue pas parce qu’il n’a pas réussi : il échoue puisqu'il a trop compris.
Un livre d’une lucidité presque douloureuse, qui interroge nos illusions modernes sur la réussite, la valeur personnelle et la solitude du moi conscient de lui-même.