Mes 400 coups, qui est l'autobiographie d'Errol Flynn, est sans nul doute un de mes Graals en termes de livre, car je voulais le lire depuis longtemps. Seul hic, sa précédente édition datait ... de 1977 ! Heureusement, les éditions Seguier ont eu la bonne idée de le rééditer en 2020, ce qui est à la fois superbe pour un fan du moustachu comme moi, mais aussi un risque, car on découvre très vite que ce personnage a eu une vie aventureuse et politiquement incorrecte.


Né en 1909 en Tasmanie, Flynn était déjà un sacré boute-en-train, au point qu'il quitte l'école dès l'âge de sept ans, car l'appel du large et des océans était trop fort, ce qu'il va vivre jusqu'au début des années 1930, où ses péripéties, où il a vraiment fait les 400 coups, entre aventures, alcool et jeunes femmes, vont être son lot. Une première expérience dans le cinéma, In the wake of the Bounty en 1933, va lui donner envie d'aller dans ce domaine-là, et c'est après une excursion en Angleterre qu'il va être repéré par un représentant de Jack Warner, séduit à la fois par le charisme d'Errol Flynn, mais aussi par son immense carrière théâtrale en Australie, dont on se rend compte qu'elle est totalement bidonnée ! Tout ça dans le but d'aller en Amérique et de se faire à la fois de l'argent et des femmes...


Le livre a été finalisé quelques mois avant la mort d'Errol Flynn, en 1959, et parle donc de la totalité de sa vie, où le cinéma ne l'intéressait que très peu, mais ça payait bien. Donc, bon gré mal gré il continua de jouer auprès de Warner durant 18 ans grâce à un juteux contrat où il jouait énormément de films à costumes, des aventuriers ; il suffit de citer Capitaine Blood, Gentleman Jim, Robin des bois, La charge fantastique et d'autres pour voir que si il dit avoir fait ça par-dessus la jambe, c'est alors le plus beau fumiste de l'histoire du cinéma. Mais au fond, il parle assez peu de cinéma, plus du contexte de l'époque, où si on ne buvait pas en joyeuse compagnie, Hollywood ressemblait à un gigantesque baisodrome. Ce qui rejoint ce que j'avais lu dans Hollywood Babylone, où le sexe durant les années 1930 avait l'air totalement débridé. Aujourd'hui, la nature de ses relations, souvent des filles encore mineures, a de quoi scandaliser, lui qui détestait les relations monogames, mais tout cela avait l'air consenti, normal dirais-je. Jusqu'à ces procès pour des relations sexuelles non consenties, avec là aussi des jeunes filles, qui vont non seulement le marquer à vie, mais bizarrement, le rendre encore plus célèbre, et plus coureur de jupons qu'il ne le fut ! Autre époque...


A un moment, il va se lasser du cinéma, et prendre un congé auprès de la Warner, en 1936, pour devenir correspondant de guerre en Espagne. C'est toute l'histoire d'Errol Flynn ; un type qui ne pouvait rester en place, qui ne gardait personne très longtemps, et qui voulait vivre mille vies, quitte à en payer les pots cassés. Car sa fin de carrière, et de vie, vont le ruiner, entre son expérience avortée en Italie de Guillaume Tell, qu'il produit, mais n'a plus assez de fonds pour terminer le tournage, ses pensions alimentaires, ses multiples frais dont l'entretien de ses bateaux. Jusqu'à ce dernier film, Les racines du ciel, où il apparait bouffi et rongé par l'alcool, qui fera qu'il décèdera d'une crise cardiaque en 1959, à l'âge de 50 ans.


D'ailleurs, dans les dernières pages, on sent qu'il prophétise sur sa fin prochaine, assumant ce qu'il est, avec ses qualités et ses défauts, et qu'il fut sans nul doute un aventurier.
J'avoue avoir dévoré ces près de 500 pages, car c'est non seulement instructif, sur la vie à Hollywood dans les années 1930, on rit souvent sur ses aventures dans sa jeunesse, mais aussi on découvre davantage le personnage d'Errol Flynn, dont l'acteur m'impressionne toujours autant, en particulier dans Gentleman Jim et Robin des bois. Il me donnerait presque envie d'avoir une moustache, c'est dire !

Boubakar
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le 9 août 2020

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