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En cette fin d'année, je suis à terre.

Je n'avais pas écrit de critiques depuis des années, et c'est pourquoi je vous le dis , ne me prenez plus en éclaireure, quoique que ca a plus de poids si ca vient de Kenshin- il a plus d'abonné.es que moi, je suis toute petite à coté.

Trêve de blablateries inutiles- Douce Dibondo vient de braquer les poètes- cette espèce en voie de disparition selon le grand Depestre, baleine bleue dont l'énormité sort du gouffre- je paraphrase toujours René.

Impossible n'existe pas sauf en poésie, je divague... En effet, je suis un paradoxe dans ce genre littéraire , exigeante, presque réac', j'essaie d'être indulgente, jamais de notes en dessous de la moyenne, même quand je n'aime pas ou que c'est raté selon moi, sauf quand c'est du foutage de gueule qui ne devrait pas être édité comme le Maison Tanière de Pauline Delabroy(ne parlons pas de Pauline Bilisari, sacrilège du capitalisme!), non malgré mon indulgence envers l'instapoésie, quand l'art le plus résistant au système marchand a réussi à rentrer dans la pop culture avec Instagram, j'essaie d'être cool avec Rupi Kaur(mais pas Atticus, faut pas déconner) parce qu'il y a un propos derrière, quand même, et même si Gorman , femme,noire, handicapée, a réussi à faire démentir Françoise Giroud : La femme serait vraiment l'égale de l'homme le jour où, à un poste important, on désignerait une femme incompétente." Non Gorman n'est pas un prodige du tout, et pourtant elle a accédé à un poste important alors que l'égalité homme/femme n'est pas établi, souvenons nous du virage dégueulasse sur l'avortement en cette année écarlate de 2022, et le racisme toujours s'exerce dans les rues où l'ordre abat ses forces mortelles. J'ai cru que c'était mes propres racisme et sexisme intériorisés qui me flagellaient en nourrissant mes préjugés car je suis sûrement conditionnée à admirer seulement les Hommes Blancs cis hets élus par l'Education Nationale, et que j'étais déçue par la figure féminine préférée de Rimbaud, Baudelaire, Verlaine, Mallarmé , Apollinaire et compagnie-Marceline Desbordes Valmore-(la mondialisation n'est pas complètement mauvaise,imaginez si ils avaient lu Emily Dickinson,Emily Bronte ou même Sei Shoganon ou Murasaki Shibiku- leur effarement, ils n'auraient pas confondu amour maternel et poésie) jusqu'aux découvertes de Maya Angelou , Lisette Lombé et Stéphanie Vovor.

Seulement là, excepté Maya Angelou et Grisélidis Réal que je plagie honteusement dans mes poèmes-Ö Arkansas- O Rodwell, personne ne me retourne les nerfs sciatiques comme Douce Dibondo. Il était temps- les monstres sacrés qui se sont longtemps reposés sur leurs lauriers Booba, Alpha Wann, Lino et les autres ne peuvent plus s'échapper ou se laver les mains , et les hermétiques mallarméens fanatisés comme Deguy doivent abdiquer-difficulté ne doit pas signifier perte de beauté, et d'ailleurs même Sylvia Plath- elle leur tient tête sans même les calculer. Plus obligée d'être sympa avec Cécile Coulon que j'hésitais à apprécier, finalement elle reste une poétesse mineure, ou dans un autre registre avec Edouard Louis dont le Qui a tué mon père livre important qui pourrait entrer dans l'histoire est complètement gâchée par ses réflexions figées dans des élucubrations adolescentes( et encore un ado aurait eu plus de couilles) et incapable de nommer le capitalisme , ses patrons, ses chantres et ses valets quand il se contente d'énoncer des platitudes et des nom. J'aime bien leur personnalité à toutes ces personnes , donc c'est dommage comme Kaur mais un moment la rigolade est terminée, et cette critique sera plein de name dropping à l'image d'Elisabet, ce recueil à demi raté où Miki Liukonnen dit n'importe quoi , ce génie cramé par le postmodernisme :" le name dropping un nouveau genre littéraire" il a failli m'avoir, mais il ne sauvera pas la poésie. (en tout cas pas là).

Océan Vuong , Amanda Gorman, Laura Vasquez ,Rim Battal, Cécile Coulon, toi aussi André Velter tous.tes les consacré.es de ces dernières années qui ne foutent rien venez apprendre :

Entrons dans le vif du du sujet :

Douce , c'est comme une prière en coup de poing : l'expérience noire auscultée avec précision avec cette place en trop, cette différence de minorité visible qui dérange l'universalisme français : elle invente un mot- et brillante ca grouille de néologismes géniaux, la Rimbe n'a qu'à bien se tenir : "anoirmalité" bien sûr, on a rien à foutre ici, tâche noire sur papier blanc en "peau de sang," un mauvais souvenir du colonialisme malgré on le sait les effets positifs :

"en apnée convoquer la colère

une déchirure au ventre

la mémoire sanglote face vent

l'identité tailladée et l'impuissance

douce mélancolie contorsionne le doute

résistance crie

la tradition par la langue essaimée

à nous

un chant amnésique mais rauque sur la route du souvenir

conscientise le monde

au commencement la mer étire les sons

et les peaux de sang crachent

en choeur

fières

la bataille en poings

comment chuchote les rêves?

les dents craquent et les réponses cherchent

les corps carbones suppliciés racontent le chaos

n'empêche

déguster l'autre"

Mais pas seulement, elle rend aussi hommage aux amitiés, aux expériences queer , à l" âmelphité" où on devine qu'elle dépasse le concept déjà génial de l'adelphité pour sublimer les sentiments amoureux ou amicaux, où précisément , elle s'engage à corps perdus dans les"âmes de ses ami.es /famille/entourage" au point de former ce lien irréductible- l'ubuntu des Sud Africains, le on me pense de Rimbaud, démultipliée en plusieurs personnes : non pas les autres comme un miroir, mais comme un bout de soi qui façonne son être- elle n'est rien sans les autres,elle est tout avec les autres dont l'amelphité- c'est cosmique : " toutes les versions de moi" le poème est dans le titre.

Douce brise ce cliché chiant et faux qui réduit l'artiste Noir.e à dénoncer seulement sa condition-ielle n'aurait pas le droit de parler de l'amère beauté de la mer ou de la mélancolie du ciel-ce genre de clichés, mais en fait à l'image d'Edouard Glissant, l'inventeur du tout monde et dernier VRAI GRAND PHILOSOPHE français, (aux côté de Morin), elle réinvente l'identité relation pas dans les cultures seulement mais auprès des autres, son corps esprit est une parcellisation des humain.es qui l'entourent, et elle aussi ses préoccupations sont métaphysiques : "mon sommeil est un long message

de songes aigres et lointains

plus aucun soleil, plus aucune terre

c’est étrange ce calme si blanc

les chants, les eaux, les lignées,

tout retient son souffle

tout est asphyxie"

Je cherche, je traque les répétitions, les mouvements, les mots replacés plusieurs fois, sans relâche mais en pure perte, le recueil est plus maîtrisé que certains des génies consacrés : inventions linguistiques, vocabulaire riche et toujours nouveau, Douce approche d'une certaine perfection, rarement égalée.

Les Editions Blast ont-ils compris, en ces temps où on édite plus des "influences" que de véritables talents qu'ils tenaient là un véritable chef d'oeuvre, peut-être celui de ces dix, vingt, trente dernières années?

Je n'utilise pas ce mot à la légère, mais se tient devant nous une stature, une véritable figure qui traversera le temps plus sûrement que les autres. Oui, il y a du génie chez cette fille.

Boum! La France ne sera pas fière, elle lave son linge plus blanc, et pourtant entre les faux génies comme Merien ou l'idole d'extrême droite Sylvain Tesson, Douce Dibondo écrase avec assurance l'espace saturé de la poésie. Elle est de loin la meilleure-peut-être Babouillec reste à l'avant garde- tout sexe/genre/origine ce que vous voulez confondus.

Pour une fois, je le dis, je suis jalouse, très jalouse.

Un article pour mettre en lumière sa grande intelligence : https://blogs.mediapart.fr/douce-dibondo/blog/210622/decoloniser-la-spiritualite


https://www.senscritique.com/livre/metacures/critique/297794305

AttibaoulGounyo
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le 31 déc. 2023

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