À travers l'amitié étrange qui lie Mina et Sujeong, Apple Kim met en scène la jeunesse dorée de Séoul.
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Mina, roman inspiré d'un fait divers et qui fait froid dans le dos, met en scène la jeunesse sud-coréenne huppée de Séoul. Pour cette génération anesthésiée, agressive, ultra-formatée, hyper-consommatrice, la carte bancaire est le sésame de tout : être libre, c'est pouvoir consommer ; consommer c'est posséder ; posséder c'est exister. Mina et Sujeong, liées par une amitié ambivalente entre amour et haine, voient une forme d'accomplissement dans la possession matérielle.
Dès leur plus jeune âge, on inculque à ces adolescents l'excellence scolaire et professionnelle. À un point tel qu'ils peuvent être les meilleurs de la classe, ils n'ont pourtant aucune intelligence émotionnelle. Tels des robots dressés pour obéir et acquérir un statut social élevé, ils n'ont pas appris à aller vers l'autre. Leur incapacité à être empathique et curieux de l'autre est effroyable. Ceux qui n'entrent pas dans ce formatage sont broyés ; rappelons que la Corée a l'un des taux de suicides de sa jeunesse les plus élevés au monde.
Le plus affreux, c'est probablement la manière dont les sentiments sont compartimentés et mis de côté, au détriment du bien-être et de la santé mentale, car la réussite scolaire passe avant tout. On observe avec stupeur une structure mentale d'une grande paresse intellectuelle, qui supprime toute introspection et tout esprit critique, ce qui est bien retranscrit par le style d'Apple Kim. Fait révélateur d'ailleurs, dans l'univers décrit par Apple Kim, ces adolescents, qui sont de futurs adultes immatures, évoluent en cercle fermé au seul contact de leurs amis et professeurs, mais les parents ne sont jamais présents jusqu'à la fin du roman.
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