Mon chien Stupide par madamedub
Appeler son chien "stupide " plutôt que Médor ou Toutou : on devine déjà que la famille est atypique, hélas aussi ratée !
Le père,qui raconte, est un écrivain miteux et conscient de l'être :"j'entamais un nouveau roman, rien d'extraordinaire à ça, J'entamais tout le temps des nouveaux romans "Et c'est ce regard désabusé, plein d'humour, d'ironie, qui fait le charme de l'écriture, écriture propre à John Fante. La mère est bien sur seulement mère au foyer pleine de rêves déchus, les enfants seulement au crochet des parents, mais en lutte contre le père : ça occupe et ça déculpabilise !
Arrive le chien perdu sans collier ! Il permettra au père de se réaliser ("il était la victoire, les livres que je n'avais pas écrits, la Masérati que je n'avais pas eue"), et aux autres de nourrir la vindicte contre le père, à la mère de trouver une raison de critiquer on ne sait plus quoi, et à lui, alors, de retrouver "l'épuisant processus de la réconciliation". On comprend qu'il s agit d'un lucide récit de la vie, d'une chronique douce amère de la famille et de l'individu qui se cherche sans se trouver. Beaucoup s'y reconnaitront, parents ou éternels enfants : "la maison est payée, ça sent la marijuana dans la voiture du fils ainé qui ne vient plus que pour le linge ou les gros ennuis", le fils ainé qui propose du porno au père, qui répond : "en ce moment, je lis Camus" Du coup, le père "échangerait volontiers n'importe lequel de ses enfants, voire les quatre, contre une porsche neuve", d'ailleurs, à 55 ans, dit -il, "cela fait 45 ans qu'il se bagarre pour s'adapter à la vie civile", tandis qu'un de ses fils cherche son identité dans l'armée et le bureau de recrutement" aussi agréable que l'ouverture d un roman de Dostoievsky" ! Pas si facile de vivre, décidément parfois, nous dit-il !