Meurtre "haut en couleur" à la Sublime Porte

S'il est vrai que ce livre souffre d'une certaine longueur, il est néanmoins intéressant à plus d'un titre. L'histoire, tout d'abord. Si le fil directeur consiste en une enquête pour élucider le meurtre d'un enlumineur des ateliers impériaux, l'auteur traite également au fil de la narration des aspects philosophiques et religieux de l'art de l'enluminure ottomane, ainsi que du rapport entre tradition et modernité à travers la description des luttes intestines entre partisans de l'enluminure "persanne" (tradition) et ceux d'une nouvelle enluminure influencée par la peinture "franque" (entendre occidentale). Ensuite, la composition originale du texte. Ce dernier est divisé non pas en chapitre, mais en témoignages émanant des différents protagonistes, d'arbre, voire de simple objet. Même s'il existe des différences notables, je n'ai néanmoins pas pu m'empècher de penser au film Rashômon d'Akira KUROSAWA, dans lequel les trois principaux protaganistes (le meurtrier, l'épouse de la victime et la victime elle-même) racontent tour à tour leur version du meurtre. Et pour ceux qui trouveraient que le texte part un peu trop souvent dans des digressions à coup de contes philosophiques ou de descriptions superflues, je pense pour ma part que l'auteur utilise un style que les lecteurs des Contes des Mille et Une Nuits reconnaîtront.