Jour de mon anniversaire, G. me l’a offert ce matin. Il me faisait de l’œil depuis sa sortie.
Comment s’appelle ce genre très contemporain dans lequel des femmes mêlent au récit de leur propre vie celui d’une enquête familiale ? Sur fond de domination masculine. Ça m’évoque Rousseau, et d’autres, je crois.
Que dire après avoir lu 130 pages ? Que dire, si ce n’est que toutes les femmes devraient lire ce livre ? Tout y est : la violence, le silence, les exigences du monde social, le regard des hommes. Cet étalement sur tant de générations est fascinant. La correspondance des arrière-grands-parents est d’une beauté et d’une authenticité folles, tant elle est cruelle.
Je ne veux plus poser ce texte. Je veux le dévorer tout entier, et qu’il me dévore, et qu’il ne s’arrête jamais.
Il y a quelque chose qui me fait cet effet amour/haine, et je crois avoir mis le doigt sur ce dont il s’agit : une forme d’absence de pudeur, toujours présente dans les textes autobiographiques, mais qui m’est rendue désagréable par la proximité que je ressens avec les autrices en question. J’ai l’impression que si d’autres lisent ce livre, ils en sauront trop sur moi, et qu’on ne m’a pas demandé mon avis avant d’en dire autant.
J’ai été un peu moins emballée par la deuxième partie, plus administrative, plus scientifique. Mais tous les passages d’entretiens (avec l’archiviste notamment) sont aussi poignants que passionnants.
Quel enfer que cette psychiatrie. Il y a un vrai sujet autour du traitement des femmes de la bourgeoisie et de la petite bourgeoisie. Cette injonction à être mère, la violence de l’échec, pendant que les femmes du prolétariat noir américain se font stériliser de force. Le rôle social de la famille bourgeoise. La place structurante, bien que non consentie, de la fille-femme-mère.
Il faut que je re-regarde Juste une heure toi et moi d’Alina Marazzi dès que j’aurai terminé.
C’est fini. J’ai adoré. Jusqu’aux remerciements.