Ce livre d’Adèle Yon m’a terrorisé. Je sors de cette lecture lessivé, tourmenté de visions de cauchemars. Si vous vouliez une lecture de vacances, ce n’est sûrement pas avec ce livre que vous trouverez satisfaction, mais les livres ne sont pas là pour satisfaire, ou en tout cas pas tous. Celui-ci tourne autour d’une arrière-grand-mère folle et internée, lobotomisée et subissant une psychose post-partum à chacun de ses nombreux accouchements.
La voiture de la grand-mère au début du livre est « un cocon, un second foyer dans lequel s’accumulaient ses affaires les plus personnelles ». Ce livre est loin d’avoir été un cocon pour moi, même si j’y reconnaissais beaucoup de mon histoire personnelle à l’intérieur.
Betsy, l’arrière-grand-mère de l’autrice, a vraiment eu une vie de merde.
« Ils m’expliquent qu’il y a dans la famille de lourds antécédents de maladie mentale et que la drogue, particulièrement à l’âge qui est le mien (fin de l’adolescence), favorise nettement l’apparition de troubles. Je me dois d’être vigilante, plus vigilante que les autres, car le risque est pour moi réel. »
L’autrice a peur – et le mot de peur est primordial dans le livre, tout s’articule autour de lui – d’être aussi folle que les femmes de sa famille. La schizophrénie lui pendrait au nez. À travers différents témoignages et recherches documentaires, Adèle Yon trace une cartographie de la santé mentale familiale. C’est un véritable puzzle à pièces manquantes.
Les femmes, les hommes de sa famille s’acheminent ensemble vers la résolution du problème central du clan : au fait elle avait quoi la Betsy ? Pourquoi ils ont laissé faire la lobotomie alors que les toubibs de l’époque n’étaient pas tous d’accord sur cette pseudoscience barbare.
J’ai trouvé ça glauque et au final je ne suis pas sûr que le livre ait réellement fait le tour de son sujet ou apporté ne serait-ce qu’une lichette d’espoir.