Murmures à la jeunesse par Thomas Valero

Ce livre est une sorte d’OVNI dans le champ de la littérature politique. En même temps, il est le produit d’une situation. Ces deux éléments en font une œuvre étrange laissant au lecteur un sentiment partagé.

Bien sûr, le style y est puissant, fort, instruit, alerte. Taubira dans le texte c’est agréable à lire. Agréable et intelligent surtout car Murmures à la jeunesse est un petit opus donnant avant tout envie de réfléchir. Le miracle Taubira est de rendre simple un sujet éminemment complexe : la déchéance de nationalité.

Il y a de l’esprit, une réflexion, un souffle qui habite chaque phrase. Une poésie même pour traiter de cette question qui déchirait et déchire la France. Maillé de citations et de références, peu de livres politiques sont d’aussi bonne et belle facture ; surtout quand on sait la qualité du personnel politique actuel.

Pour nuancer ce panégyrique, il convient de remarquer que ce livre et avant tout le fruit d’une situation, d’un contexte spécifique.

Rédigé durant les vacances de noël de 2015, édité dans le plus grand secret en Espagne, devant paraître alors que Christiane Taubira, encore ministre de la Justice et Garde des Sceaux, tenait dans le gouvernement de Manuel Valls de caution morale, ce livre n’a pas eu la trajectoire que son auteur lui voulait. L’histoire en a voulu autrement. Murmures à la jeunesse devait être un électrochoc au sommet de l’Etat. Il n’a été qu’un prétexte à un départ trop longtemps retardé. En ce sens, il préserve malgré tout une sorte d’aura qui imposera le respect pendant quelques années encore.

Christiane Taubira nous livre ainsi un ouvrage qui ne s’adresse pas tant à la jeunesse mais à l’ensemble de la société française et particulièrement à ceux qui ne désespèrent pas de ce monde.