Le livre décrit le procès d'un homme noir dans l'Amérique ségrégationniste du point de vue d'une enfant. Jean-Louise Finch, surnommée Scout, est le personnage principal du roman.
Le récit traite de deux grands thèmes dont l'enfance, il est narré par Scout, ce qui sert indéniablement le sujet, on profite pleinement de la malice de la fillette notamment lors des descriptions, dotées d'une précision déroutante mais non dénuées de fantaisie. On ne peut que s'attacher à cette jeune espiègle que l'on voit évoluer sur trois années. Son évolution est des plus intéressantes grâce à son père, d'une probité exemplaire et aux valeurs bien américaines. Atticus Finch n'impose jamais sa vision à ses enfants, il les pousse à évoluer par eux-mêmes, ce qui permet d'assister à des désillusions et à des incompréhensions aberrantes propres à l'approche de l'adolescence.
En ce qui concerne l'écriture, l'auteure n'hésite pas à contourner la facilité. L'autre sujet de ce livre est le racisme ambiant dans cette Amérique ségrégationniste; Harper Lee aurait facilement pu jouer sur l'empathie en mettant en avant un Noir en tant que personnage principal. D'ailleurs, on fait connaissance de la quasi-entièreté du quartier de Maycomb dès le début de l'histoire mais rien de la victime de cette injustice (accusé de meurtre à tort), Tim Robinson, avant le procès. Elle décide de démontrer l'aberration de la ségrégation à l'aide du regard innocent de Scout, elle qui n'a eu pour modèle maternel que sa bonne Culpurnia, une Afro-américaine. Son incompréhension atteint son paroxysme lors de l'excellente scène où son enseignante aborde le nazisme actuel en Allemagne gouvernée par Hitler. Comment ce professeur peut-il prôner fièrement les "égalités" et les libertés de son pays "idyllique", comment peut-elle écrire fièrement DEMOCRATIE au tableau et vanter sa totale application aux USA et pourtant proférer des propos racistes à l'encontre des Noirs ?
Scout ne comprend pas comment l'on peut détester Hitler et délibérément fermer les yeux sur la situation de son pays et même approuver. L'auteure décide de ne pas nous choquer en mettant un Blanc moyen pour montrer le racisme dont il peut faire preuve, ni de nous attrister facilement en y mettant un Noir subissant une affreuse haine, elles choisit de raconter l'histoire depuis le point de vue ingénu d'une enfant innocente et hermétique à de telles inepties.