Mourir, c'est comme se réveiller après une bonne soirée : on éprouve une ou deux secondes de liberté innocente avant de se remémorer toutes les extravagances, si logiques et désopilantes sur le moment, auxquelles on s'est livré la veille, on revoit le numéro incroyable qu'on a exécuté à l'aide d'un abat-jour, de deux ballons, et qui a fait se tordre de rire les invités, et on comprend qu'il va falloir désormais regarder des tas de gens en face, que tout le monde est dégrisé mais que personne n'a oublié.
— Marrant, tout d'même, la royauté, dit Nounou. C'est comme la magie. Tu prends une fille avec un derrière comme deux cochons dans une couverture et une tête pleine de courants d'air, ensuite elle épouse un roi, un prince ou j'sais pas quoi, et d'un coup elle devient une vraie princesse royale rayonnante. On vit dans un drôle de monde.
Nounou Ogg regarda sous son lit au cas où un homme s'y cacherait. Ben quoi, on ne savait jamais.
Sur des distances courtes, un homme résolu peut battre un cheval, parce qu'il a moitié moins de pattes à démêler.
Il disposait de nombreuses recettes pour passer le temps que lui prodiguaient généreusement ses factions au château. D'abord le curage complet des narines, elle était bien celle-là. Et puis les pets musicaux. Ou la station debout sur une jambe. Il se résolvait à retenir sa respiration et à compter quand il manquait d'idées et que ses repas n'avaient pas été trop riches en féculents.
Le calme de sa voix était tellement inattendu que Magrat se prit les pieds dans sa propre colère et tenta de retrouver son équilibre.
Debout devant ton dieu, courbée devant ton roi, à genoux devant ton mari. Voilà la recette d'une vie heureuse, dit Nounou à la cantonade.
En ce qui concernait le cuisinier de la Chèvre et le Buisson, il ne voyait pas de rapport entre nourriture et sexe que dans certains gestes drôles avec des concombres, par exemple. Il n'avait jamais entendu parler de chocolat, de peaux de banane, d'avocat, de gingembre, de guimauve ni des mille autres produits dont on se sert parfois pour parcourir une voie express menant de A à B en empruntant les sentiers vagabonds de l'amour, ces petits chemins qui sentent la noisette.
Traduction par Patrick Couton.