Actuellement enseignante à Madagascar, après avoir exercé en Inde, en Équateur et au Sénégal, Hella Feki possède grâce à ses parents une double culture, française et tunisienne. La révolution de 2011, elle l'a vécue à distance, passionnément, et en fait aujourd'hui la toile de fond de son premier roman, Noces de jasmin. Pour raconter un destin collectif, dans ce printemps qui s'est déroulé en janvier, elle a choisi de nous faire entendre plusieurs voix, jeunes ou vieilles, y intégrant même celle de la cellule d'une prison qui a vu passer tant d'opposants au régime de Ben Ali, torturés, brisés, humiliés. Ce côté intime, sensuel parfois avec une histoire d'amour débutante entre deux de ses personnages principaux, donne au livre une palpitation qui transcende les événements de la rue, leur conférant une valeur humaine tragique et désespérée. En parallèle, Hella Feki réussit aussi à relier la période à celle de l'Indépendance, principalement à travers un protagoniste dont le corps réagit une nouvelle fois aux grands changements en cours. Avec ses phrases courtes, son style fluide et quelques touches de poésie, la romancière nous fait toucher du doigt et de l'intérieur la violence des temps et l'espoir qui renait, jusqu'à renverser les forces de la dictature et de l'obscurantisme. Noces de jasmin n'a qu'un seul défaut mais majeur : il est bien trop court et, malgré son côté incisif, ne possède pas la profondeur qu'il aurait gagné en nous offrant au moins une centaine de pages de plus.

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le 9 oct. 2020

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