Zagreb, 2003. Au sortir de la guerre, la Croatie plonge sans sourciller dans le capitalisme pour des lendemains qui chantent (ou pas). C'est cette période, aux contours encore flous, que décrit Robert Perisic dans Notre correspondant sur place, à travers un personnage principal d'une trentaine d'années, rebelle assagi, qui se dirige malgré lui vers une sorte d'embourgeoisement. Si ce n'est que ce journaliste commet quelques erreurs qui pourraient bien signifier son déclassement, à commencer par l'envoi, sur ses conseils, d'un cousin en Irak alors qu'il n'a aucune expérience du reportage de guerre. Notre correspondant sur place fait partie de ces livres qui slaloment entre humour noir et ironie méchante, le tout au détriment d'un héros pas préparé à subir les pires avanies. Aucune sympathie à attendre de la part de l'auteur vis-à-vis de cet individu aussi cynique que maladroit et, par conséquent, de notre part non plus, ce qui limite singulièrement l'impact d'un livre au style souvent relâché et qui se perd aussi dans des réflexions philosophiques dont la profondeur n'est pas d'une évidence criante. Par endroits, dans sa construction notamment, voire dans sa tonalité, Notre correspondant sur place rappelle les romans de Philippe Djian, mais en moins concis et finalement moins efficace. Le livre n'est cependant pas ennuyeux et suscite même quelques brefs sourires mais ne tient pas la promesse du grand roman de l'après-guerre croate que l'on pouvait espérer.

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le 14 juin 2022

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