Saga familiale, Nous traverserons des orages est aussi une véritable fresque historique qui retrace, sur quatre générations de la famille Balaguère, un siècle d’Histoire, de la Première Guerre Mondiale à aujourd’hui. En cherchant à comprendre la violence qui l’anime, la narrateur en vient à chercher l’origine de la violence en général. Est-elle ancrée en chacun d’entre nous ? Se transmet-elle génétiquement ? Est-elle l’expression de quelque chose de plus important ? Trouve-t-elle son origine dans les atrocités du monde telles que les guerres ?


En un peu moins de cinq cents pages, Anne-Laure Bondoux balaie donc les grands événements de l’histoire à laquelle ses personnages participent. A une échelle plus locale, elle aborde les changements sociétaux qui peuvent faire tellement plus que les guerres. On assiste ainsi à l’évolution des droits des femmes ou des homosexuel.le.s tout en regardant le progrès simplifier le quotidien de tout un chacun, les campagnes se vident et les villes se remplissent, la mondialisation est en marche ainsi que les bouleversements climatiques ou l’émergence de nouvelles maladies.


Et c’est parce que la grande histoire s’insère dans la petite, celle de la famille Balaguère, que cela nous la rend si forte et intéressante car tous ces événements nous concernent tous et ont touché toutes les familles. Avec ses secrets de famille, ses non-dits mais aussi ses amours contraints ou passionnels et ses traumatismes divers, la famille Balaguère prend l’apparence d’une famille ordinaire portée par des hommes et des femmes terriblement humains.


Cette deuxième rencontre avec l’écriture d’Anne-Laura Bondoux me permet de vraiment en apprécier la forme même si ce n’était pas gagné. En effet, si dès le début le texte se lisait très bien, il manquait d’émotions ; l’auteure maintenait une certaine distance, énonçant des faits, énumérant des événements sans s’impliquer émotionnellement. Mais je crois que j’ai fini par comprendre que le point de vue étant celui du narrateur, quatrième génération de la famille, il ne pouvait en être autrement. L’émotion s’invite peu à peu, quand l’histoire se rapproche de la sienne et implique des personnes avec lesquelles il a ou a eu une vraie connexion. C’est vraiment fort et parfaitement maitrisé dans l’écriture et la narration.


De même, les sauts dans le temps sont parfois déroutants en prenant la forme d’une liste d’événements qui se sont déroulés pendant que les enfants grandissait, les parents vieillissaient, les grands-parents mourraient… Cela manque définitivement d’émotions mais appuie le fait que le temps ne s’arrête pas et que l’Histoire est en marche, quoi qu’il arrive à l’échelle individuelle. Cela met aussi en avant la travail de recherches de l’auteure pour ne passer à côté de rien et donner du relief à son récit en montrant aussi l’importance que les événements traversés, selon l’époque vécue, peuvent impacter notre existence toute entière, nos émotions, notre caractère en faisant parfois ressurgir ce qu’il y a de pire en nous.

Ladythat
8
Écrit par

Cet utilisateur l'a également mis dans ses coups de cœur et l'a ajouté à sa liste Lu en 2024

Créée

le 29 janv. 2024

Critique lue 32 fois

Ladythat

Écrit par

Critique lue 32 fois

D'autres avis sur Nous traverserons des orages

Nous traverserons des orages
Ladythat
8

Critique de Nous traverserons des orages par Ladythat

Saga familiale, Nous traverserons des orages est aussi une véritable fresque historique qui retrace, sur quatre générations de la famille Balaguère, un siècle d’Histoire, de la Première Guerre...

le 29 janv. 2024

Du même critique

Matilda
Ladythat
10

Critique de Matilda par Ladythat

Matilda est une enfant intellectuellement précoce aux capacités particulièrement incroyables. Malheureusement pour elle, sa naissance a eu lieu dans une famille dont le niveau intellectuel est nulle...

le 28 sept. 2016

7 j'aime

Orgueil et Préjugés - illustré par Margaux Motin
Ladythat
8

Critique de Orgueil et Préjugés - illustré par Margaux Motin par Ladythat

Orgueil et Préjugés fait parti de ces romans que je peux relire sans compter en y prenant toujours autant de plaisir. Un roman qui a plus de 200 ans et qui plait toujours autant par l’intemporalité...

le 27 mars 2020

6 j'aime