le 30 déc. 2020
Elégance et poésie
Elevé dans le respect des valeurs traditionnelles de l’honneur, de l’obéissance et du sacrifice, Kaneda Isao s’est engagé dans l’aviation militaire japonaise. En 1945, il est désigné volontaire pour...
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Elevé dans le respect des valeurs traditionnelles de l’honneur, de l’obéissance et du sacrifice, Kaneda Isao s’est engagé dans l’aviation militaire japonaise. En 1945, il est désigné volontaire pour une opération suicide contre un navire américain. Tandis qu’approche le jour fatidique de sa fin héroïque, le jeune kamikaze se prend à douter de l’issue de la guerre et de l’utilité de sa mission, qui ne va d’ailleurs pas se dérouler comme prévu…
En nous faisant entrer dans le tête d’un kamikaze japonais au seuil de sa dernière mission, le récit nous plonge dans le Japon de 1945, alors que commence à s’insinuer dans les esprits l’inconcevable idée de la défaite nippone. Déterminées à préserver leur honneur, cette valeur si fondamentale au Japon, l’armée, mais aussi la population toute entière, jettent leurs dernières forces dans le combat, quitte à se saborder s’il le faut, hommes, femmes et enfants, dans une vague collective de suicides qui ne laisserait à l’ennemi qu’un pays vide. Dès lors, la mort devient le leitmotiv des trois quarts du roman, dans une vision extraordinairement légère et poétique, où le kamikaze, « vent divin », paré de la beauté fragile des pétales de cerisier, s’envole vers une félicité toute aérienne.
Loin du nationaliste fanatique, le soldat Kaneda s’avère en fait un très jeune homme terrorisé, que la pression sociale et l’autorité militaire privent de tout choix. Le texte décrit avec la plus grande justesse son combat intérieur, alors qu’il se retrouve coincé entre un devoir poétiquement idéalisé et une réalité bassement terrifiante. J’ai été toutefois moins convaincue par l’inflexion du récit vers une renaissance inespérée de son personnage, au travers d’un éveil spirituel qui lui ouvre l’accès à la sérénité bouddhique. Trop rapide pour convaincre tout à fait, la métamorphose de Kaneda m’a parue un peu trop artificiellement positive, dans une seconde et brève partie dont la fin très abrupte m’a laissée sur ma faim.
Malgré mes interrogations sur sa conclusion, ce joli roman épuré à l’élégance poétique et au style fluide et soigné ouvre une perspective intéressante sur la culture japonaise et son rapport à la mort. Une mort qui domine toute l’histoire sans jamais la plomber, dans une prouesse narrative à l’esthétique certaine.
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le 30 déc. 2020
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le 30 déc. 2020
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