Le titre promet beaucoup : Passion simple. On imagine un récit incandescent, dénudé, dépouillé de tout artifice, centré sur une fièvre amoureuse brute. Mais très vite, le soufflé retombe. Ce qu’on lit, c’est un journal d’attente, une logorrhée de l’absence, une série de notations sèches autour d’un homme sans nom, sans voix, sans visage.
La passion, chez Ernaux, devient contemplation stérile. L’amant est un fantôme, réduit à ses retards, ses absences, ses venues — littéralement. L’autrice ne parle que d’elle, et pourtant on n’en apprend pas grand-chose. Tout est plat, froid, anesthésié. Même le corps est évoqué avec distance, comme s’il n’était qu’un décor passager.
On comprend le projet : dire l’obsession, la dépossession, l’attente comme expérience universelle. Mais cette universalité finit par gommer toute singularité. Le style est minimaliste, mais l’émotion aussi. Et le choix du neutre, revendiqué comme une honnêteté littéraire, vire ici au désengagement total.
C’est un livre qui observe sans jamais vraiment vibrer. Qui prétend décrire l’embrasement amoureux mais n’en donne que l’ombre, le sillage, la fatigue. Une passion sans flamme, sans écho, sans chair.
Une passion plate.