Deux mois pour venir à bout d'une pièce de théâtre ! Voilà une situation que je n'aurais jamais imaginée avant de me confronter à "Peer Gynt" de Henrik Ibsen, le grand dramaturge norvégien.
Pourquoi ai-je entrepris cette découverte ? Ayant voyagé en Norvège cet été, Ibsen comme Peer Gynt sont vite devenus indissociables de mon séjour. Curieuse et amatrice de littérature classique, cela m'a semblé naturel d'enrichir ma culture littéraire par la lecture de ce grand classique. Enfin, fascinée depuis toujours par l'inégalable musique que Grieg a composée pour illustrer la pièce - à la demande son auteur -, je me promettais même un vrai moment de plaisir.
Quelle déception ! Non seulement Peer Gynt est un odieux personnage qui m'a exaspérée par tous ses faits et gestes, comme par tous ses discours, mais en plus le changement kaléidoscopique des décors m'a donné le tournis, m'a perdue et a franchement fini par m'agacer.
Enfin - oui, je charge la barque -, coup de griffe pour l'éditeur, Garnier-Flammarion - qui a classé "Peer Gynt" parmi les 50 titres de sa bibliothèque idéale - mais dont la traduction par Régis Boyer ne m'a pas du tout convaincue. Le texte est lourdingue et on sent à de multiples reprises une traduction littérale qui ne passerait certainement pas à la déclamation.
Mais, au final, c'est qui, ce Peer Gynt ? Il parle de lui mieux que quiconque, je le cite donc : "Peer Gynt, également appelé empereur de la vie humaine". Fainéant, hâbleur, séducteur sans morale, voleur, menteur... n'en jetez plus ! Egalement grand voyageur puisqu'il fuit toutes gens et toutes situations dont il mesure l'inconfort à son incapacité à s'y soumettre ou à s'y adapter. Tel le Juif errant apatride, il parcourt le monde connu, de la Norvège au Sahara en passant par les Amériques, dans une quête identitaire assez confuse et opaque qui ne ressemble que de très loin à un parcours initiatique. Personnellement, je lui décerne le Molière de l'anti-héros antipathique.
Côté dénouement, le retour à la case départ, dans le fjords norvégiens, de ce phénomène de veulerie m'a laissée au bord de la route, dans le brouillard du message philosophique qu'Ibsen a souhaité transmettre.
Les Norvégiens considèrent "Peer Gynt" comme une des pierres angulaires de leur culture, et bien disons que je ne me sens pas une âme de Norvégienne.