Le récit final d'une femme, atteinte d'un cancer, qui a mené sa vie avec comme seule échéance la liberté. Le refus de "l'esclavage salarié" (sic), la subsistance par le vol et le choix de sa mort sont l'expression permanente du souhait profond de faire de sa vie une aventure. Tentative (vaine?) d'échapper à ce monde qui nous confisque notre existence, nous atomise, en bref, nous prive de l'autodétermination tant désirée par Andréa.
Ce court récit aux allures de pamphlet dirigé contre la médecine, les laboratoires pharmaceutiques et le nucléaire, s'inscrit en réalité dans une démarche bien plus globale : une critique radicale de la société marchande et de ses sbires. Cette société totalitaire qui engendre dépression, oppression, répression, aliénation...


Ainsi, l'auteure analyse de manière lucide son propos :



Mon histoire serait, somme toute, banale : se tirer de l'hosto avant le dernier stade n'est pas spécialement original. Elle ne l'est pas : c'est une petite expérience dont j'ai fait tout un flan. J'allais être dépossédée de ma fin, j'allais donc être dépossédée de ma vie, moi qui l'avais fondée sur un refus, celui de la dépossession ! En me réappropriant ma fin, je retrouve ce qui était au commencement, l'intelligence de mon refus. Après le chant de l'innocence, l'enfance, ma vie m'apparaît pour ce qu'elle était essentiellement : le chant d'une expérience. Cette dimension offre un point de vue stratégique.



L'argent est la richesse inversée, celle qui nous isole et nous divise. Il est la toute-puissance de l'objectivité qui dicte sa loi. Il est la plus grande distance, la distance absolue. Le sujet ne peut se poser qu'en s'emparant de cette distance. Pour l'instant, l'argent est la seule médiation. Il ne peut plus être question d'une quelconque idéologie, mais de reconnaissance pratique. Notre ambition ne peut que nous amener à construire nos amitiés. C'est dans cette construction à l'oeuvre que nous trouvons finalement le sens de ce que nous avons toujours cherché.



Sans doute dans sa dernière lettre adressée à son amie Bella (mai 1991), Andréa déclare et conclut comme un coup de semonce :



La médecine est une bureaucratie, elle planque son ignorance comme secret d'État. [...] La liberté que j'affirme est celle d'une individualité concrète, c'est-à-dire intimement liée à celle de «ses» autres, une liberté sociale. On ne vit que de communication, j'en suis la démonstration vivante.



Ma liberté ?
Ni victoire,
Ni défaite,



Je suis sûre de mes amis.


zovka
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le 13 janv. 2017

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