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Je retiendrai de ce livre la ligne de crête entre le Japon et la France, sur laquelle, erre Mizubayashi, cette ligne de pouvoir et d’infédodation du Japon millénaire confrontée au corps politique et moral, des êtres ayant choisi dans la France des lumières, de faire société.

L’auteur né dans le nord du Japon, vivant et enseignant à Tokyo, connu pour sa francophonie et sa pointe d’accent de Montpellier, développera la grande différence entre la France, pays du contrat social de Rousseau, ou de la déclaration des droits de l’homme, et le Japon qui s’impose ‘en deçà, et au-delà de la volonté de chacun, comme une sorte de données millénaires ethnico géographiques, une communauté exclusive, autosuffisante, repliée sur elle-même, hermétiquement, fermée au monde extérieur’.

Ce monde où l’on croise cette formule indicible, Okaerinasai, que l’auteur dit traduire de façon inappropriée par ‘bienvenue au Japon’.

L’auteur évoque ce présentisme, conception du temps, qui n’a ni commencement, ni fin, succession d’instants présents, et qui pour les Japonais, aboutit au conformisme et à la soumission.

La constitution Nippone actuelle, en rupture avec le shintoïsme d’État, repose depuis 1947 sur le droit naturel universel qui a appliqué la notion de pacte social entre les individus, cependant, le système impérial a survécu avec un empereur qui a gardé un statut de symbole national.

A signaler dans ce livre, un particulier point de cristallisation critique représenté par l’accident nucléaire de Fukushima, qui constitue un monstre invisible, par sa radioactivité dans tout le nord du Japon. Rien n’est réglé au niveau des combustibles en fusion lesquels nécessitent de grandes quantités d’eau pour les refroidir. Personne n'en parle. Plus de 150 000 personnes ont perdu leur maison et leur travail et se trouvent déracinés, dans un absolu silence médiatique.

Myzubayashi clôturera ce court opus très critique par sa fascination de la langue dans son ‘communisme absolu’, et particulièrement de la langue française, dont ‘il joue et dont il jouit’.



Goguengris
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le 21 nov. 2025

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