Pierre, ou Le Fou
Ceux qui ne le connaissaient pas diront qu’il était fou, quand ceux qui ont pu le connaître objecteront qu’il avait trop grand cœur. Pour les premiers, il restera celui qui avait tout et qui a tout...
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le 12 sept. 2025
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Ceux qui ne le connaissaient pas diront qu’il était fou, quand ceux qui ont pu le connaître objecteront qu’il avait trop grand cœur. Pour les premiers, il restera celui qui avait tout et qui a tout gâché, pour les seconds, le résultat d’une trop grande probité dans un monde de mensonges. Chacun donnera ainsi sur le mystère de Pierre ses opinions quasiment fausses et ses avis tous presque vrais, et se rendra par là le juge – avec ou sans scrupules, mais toujours abusif – d’une âme qui se sera elle-même perdue à vouloir se comprendre.
Il est facile de passer pour un fou quand on laisse derrière soi confort, amour et soutien ; quand on laisse derrière soi du jour au lendemain tout ce qui passe pour le bonheur, sans raisons apparentes, mais parce que ce bonheur n’est justement que d’apparence pour celui qui le vit. Car que faire du bonheur quand il repose sur un mensonge ? Comment pouvoir continuer à profiter de celui-ci quand on apprend soudain qu’il est le fruit d’une mascarade, d’un jeu de dupes, et que s’immisce dans l’esprit « jeune et ardent » la possibilité que ce qu’il a toujours considéré comme vrai n’était en fait qu’usurpation, que trahison des origines ? Les juges, sachant cela du fou, seraient-ils plus enclins à compatir ? Mais le savoir, de toute façon, ne suffit pas et le vivre non plus, quand tout dépend du cœur de celui qui éprouve… Alors, folie devient logique si ce cœur là est pur, « immaturément » et follement pur : la déraison comme un refuge, comme une maison aux quatre murs qui nous calfeutrent de l’ancien faux pour y faire naître le nouveau vrai, le notre, celui qu’on aura fait du néant poindre au jour grâce à la seule boussole du profond trouble et de la profonde intuition. Un jeu dangereux et qui se joue à l’aveuglette, dans le noir des tréfonds, qui sont dévastateurs ; un jeu trop inégal contre le monde trop vil, trop grand et trop dispersé, trop « ambigu » pour qu’une âme noble sache faire le poids et ne désespère pas, que ne lui brûle de poser la question comme suit, non pas au tribunal de ses semblables, qui ne l’écoutera pas, mais pour lui-même et dans son seul prétoire : peut-on avoir du cœur et ne pas être fou ?
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le 12 sept. 2025
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