Un sujet tout à fait passionnant, se situant à mi-chemin entre l'anthropologie issue des recherches de Marcel Mauss sur le don et la psychanalyse. Et plus simplement, au cœur d'un grand nombre des malentendus et des déceptions rémanentes dans ce qui devrait nous concerner tous au plus haut point : la relation humaine. Car c'est fort probablement dans la problématique abordée ici, qui reste généralement à un niveau très "inconscient" chez la plupart des individus, que nous devons chercher les causes du formidable recul de la relation sociale dans la société présente. Malheureusement, il faut bien reconnaitre que le sujet n'est traité dans cet ouvrage que de manière fort superficielle, se limitant pour l'essentiel à un abord psychologique primaire, circoncit à la sphère de l'individu et qui semble négliger les processus historiques; à savoir : quelle est donc le type d'organisation sociale qui a pu amener, de fait, à une telle dégradation de la relation humaine. L'auteur semble donc ignorer qu'elle vit comme nous tous, dans une société dominée mondialement par la logique marchande, par les lois du marché régnant de manière parfaitement totalitaire. Comme si cette chape de plomb était sans conséquences sur la "psychologie" des individus et sur leur manière de percevoir et de traiter le don, ce lien fondamental a la continuité de l'humain.
" Ce qui intéresse le psychanalyste, c'est la constatation que l'obligation absolue découverte par les ethnologues d'apurer toute dette s'applique tout aussi rigoureusement aux dettes affectives individuelles, et que celles-ci restent psychiquement actives tant qu'elles n'ont pas été clarifiées et apurées. Or, on ne peut éliminer la part toxique d'une dette tant qu'elle reste méconnue ou faussement évaluée, car le refoulement la rend impossible à élaborer. "
steka
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le 25 mars 2013

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