Mon premier Joyce Carol Oats, je ne savais pas à quoi m'attendre et je ne sais pas si ce livre est représentatif.
J'ai été frappée par la fluidité et la puissance des flux de conscience des différents personnages, parfois on a l'impression que le point de vue change quasiment au sein d'une même phrase. On découvre un univers dans lequel chaque protagoniste est douteux·se, et pourtant, on voit bien qui exerce la violence envers qui.
Ce livre fait vivre au rythme des syndrome des stresse post traumatiques et des violences sexistes et sexuelles. Il montre plus qu'il n'explique comment cela se vit, comment cela éclabousse, comment cela est nourri.
Et la fin, qui semble "heureuse" au sens où elle dénoue certaines choses, a aussi quelque chose d'inquiétant. Car après tout, Abby rencontre son mari d'une manière similaire à la rencontre de ses parents. Et Willem, cet homme qui veut la sauver à tout prix, est lui aussi pétri de certitudes, comme le père d'Abby. Certitudes qui pourraient les amener sur la même route. Comment se dire que le cycle des violences est vraiment brisé, et comment considérer Abby comme un personnage avec sa propre agentivité alors qu'elle est surtout définie par ses silences ?
Bref, une très longue nouvelle bien plus complexe qu'elle n'y paraît et fort bien écrite.